Déménagements : quand Worldline oublie (encore) l’humain

In Actualités sociales, CHSCT Worldline, CSE Worldline

Les dangers d’une gestion uniquement centrée sur le financier

La direction a annoncé en CSE vouloir réduire la taille des locaux occupés et/ou déménager 4 sites dès 2025 : Blois, Lyon, Rennes, et CAWL. Au moins 1200 salariés sont concernés.

Après l’externalisation de nos Services généraux ; après la RCC boiteuse ; après les réorganisations Power24 qui provoquent beaucoup de malaise et de départs parmi les salariés. Alors que nos gouvernances techniques viennent encore d’évoluer ; et que semble se concrétiser la revente de MTS… ce n’est plus “et en même temps”, c’est “tout en même temps“.

L’exemple de Blois : des signaux inquiétants

Si sur certains sites (Lyon, Rennes) l’étude de projet commence à peine, un site fait exception : Blois, dont un déménagement était à l’étude depuis plusieurs années. La direction a récemment présenté un projet qui serait selon elle le seul viable. Elle semble avoir déjà décidé :

  • de l’emplacement (aux accès embouteillés le matin et le soir)
  • de la surface des locaux
  • du ratio employés/postes de travail, qui ne permettrait pas de couvrir les jours de forte présence selon les stats de présence actuelle
  • du fait que les salariés seront splittés entre 3 bâtiments,
  • de la disparition de la cantine,
  • du nombre de places de parking très insuffisant : moins d’une place pour 2 bureaux, alors que presque tous les salariés viennent en voiture…

Mais elle prétend en même temps qu’elle n’arrive pas avec un projet « ficelé ».

“Favoriser la convivialité” ; vraiment ?

Un des 3 grands axes du projet immobilier de la direction est de favoriser la convivialité dans les locaux. Dans le même sens, la direction RH a déclaré souhaiter que les salariés reviennent sur site, récemment, devant les managers.

Nous jugerons sur pièces, mais les décisions concrètes présentées ci-dessus ne vont évidemment pas dans le bon sens. Nous n’oublions pas qu’il y a un an, l’externalisation des services généraux était censée se faire sans dégradation de la qualité de service. Cela n’a pas été le cas. Par exemple,une quarantaine de bureaux à Blois est restée pendant 3 mois sans climatisation ni chauffage. De même, CBRE n’a toujours pas trouvé la personne définitive qui sera en charge des Services Généraux à Lyon. N’oublions pas les réparations qui traînent à Seclin.

Une méthode (encore) verticale

La remise en cause des baux de nombreux sites découle d’une nouvelle politique décidée côté Corporate pour tout Worldline, qui se répercute jusqu’aux différents sites concernés (en commençant par ceux dont on peut dénoncer le bail à court terme). Comme l’externalisation des Service Généraux il y a un an, et comme pour Power24 élaboré par le Boston Consulting Group sans associer les personnes du terrain.

La direction a dit vouloir associer les salariés (via leurs représentants) au pilotage de ces projets immobiliers. Des représentants du personnel (y compris CFTC) ont été désignés pour y travailler sur les différents sites concernés, mais à l’heure où nous écrivons, aucune réunion incluant ceux-ci n’a été planifiée, à notre connaissance.

Court (terme) toujours : un constat alarmant

Alors que les salariés auraient grand besoin d’un retour à la stabilité et à la sérénité, Worldline semble continuer à se concentrer exclusivement sur la rentabilité à court terme en accumulant tous les changements en même temps. Les résultats financiers précaires restent le seul indicateur de succès, au détriment de ce qui constitue la véritable force d’une entreprise : ses employés et sa culture (voir notre série d’articles Worldline, Géant Agile ou d’Argile ?). Cette stratégie a pourtant fait la preuve de son inefficacité, chez Atos comme chez nous : à long terme, elle se révèle un piège toxique pour l’organisation. Car si l’argent peut faire tourner la machine, c’est l’humain qui la fait avancer.

Même si les salariés peuvent comprendre la pertinence de faire des économies sur des locaux qui coûtent cher (pour des raisons de surface de locaux, de consommation d’énergie, voire d’emplacement), déménager doit se faire dans le respect de bonnes conditions de travail … et non pas uniquement dans un but d’économie financière.

Le piège du tout financier : une entreprise qui s’auto-détruit

Les entreprises qui adoptent cette stratégie purement orientée « chiffres » mettent souvent en place des mesures visant à réduire les coûts immédiats. RCC (sans diminution de la charge de travail), réduction des budgets alloués à la formation, conditions de travail détériorées… À force de chercher à maximiser les profits à court terme, elles négligent l’essentiel : le bien-être et la motivation de leurs employés.

La gestion des RH devient alors une simple ligne de dépenses à couper, plutôt qu’un investissement stratégique. Mais qu’arrive-t-il lorsque les salariés sont démoralisés, épuisés, découragés ? La rentabilité à court terme finit par se traduire par un coût caché : un turnover élevé, des absences fréquentes, des burnouts, une démotivation générale, ainsi qu’une baisse de qualité et de productivité. L’entreprise n’avance plus, elle survit, en espérant que la situation s’améliore d’elle-même.

Les conséquences à long terme : de fausses économies

Nous l’écrivons depuis des années : bien que cette stratégie puisse sembler payante à court terme, elle porte en elle les germes de l’échec. En concentrant tous les efforts sur le bilan financier, notre direction oublie qu’un environnement de travail toxique ne fait que creuser le fossé entre les employés et la direction. La communication interne devient inefficace, le leadership désengagé, et l’organisation se fragilise.

Les conséquences sur le long terme sont visibles : les employés perdent leur engagement, l’innovation se tarit (devons-nous évoquer la suppression des Labs), et la compétitivité de l’entreprise se trouve sérieusement compromise. Ce n’est plus qu’une question de résultats financiers ; il s’agit d’une question de survie pour l’entreprise. L’impact se ressent également sur l’image de l’entreprise, qui devient une “marque employeur” toxique, difficile à vendre aux futurs talents.

Une autre voie : mettre l’humain au cœur de la stratégie

Mais il existe une autre voie. Une voie où l’entreprise trouve l’équilibre entre performance financière et respect de l’humain. Nous ne nions pas qu’il faut assurer une certaine rentabilité à court terme, mais c’est le bien-être des employés qui assure la pérennité et la croissance de l’entreprise.

Les entreprises qui réussissent à combiner profit et bien-être des salariés ne sont pas une exception. Elles savent que chaque euro investi dans le bien-être et l’engagement des employés génère un retour sur investissement : sous forme de fidélité, de motivation, de performance accrue… Le salarié épanoui est plus productif, plus créatif, plus engagé, etc.

Ainsi, une meilleure organisation (moins bureaucratique, moins autocratique), un management plus humain (moins autoritaire, moins court-termiste, favorisant la reconnaissance des salariés et un travail qui ait du sens), un espace de travail plus qualitatif, le retour du sens de notre travail, et des opportunités de développement personnel peuvent non seulement améliorer la qualité de vie des employés, mais aussi les résultats financiers de l’entreprise.

Conclusion : le coût du court-termisme

En fin de compte, la gestion purement financière, axée uniquement sur les résultats à court terme, finit par coûter cher. À l’heure où les entreprises sont de plus en plus jugées sur leur impact social et leur capacité à offrir un environnement de travail sain, il est temps de repenser les priorités. Investir dans le bien-être des salariés, c’est investir dans l’avenir de l’entreprise.

Les entreprises qui réussiront seront celles qui auront compris que la performance durable ne repose pas uniquement sur les chiffres, mais sur les personnes. Car, à la fin de la journée, ce sont bien les hommes et les femmes qui font la différence. La direction de Worldline sera-t-elle capable de prendre conscience de cela ?

Nous travaillons depuis des années pour qu’elle en prenne conscience, en CSE, en négociations et dans nos articles. N’hésitez pas à nous rejoindre, nous avons besoin de votre participation pour vous défendre : plus nous serons nombreux, plus nous pourrons être forts, pertinents et être entendus par la direction.

N’hésitez pas à réagir en commentaire,

Bien à vous,

Toute l’équipe CFTC

You may also read!

Worldline SA : Ignorez les récits et regardez les fondamentaux (c’est-à-dire les données)

Nous publions aujourd'hui la traduction française d'un article très intéressant, fruit d'un gros travail d'analyse financière et stratégique sur

Read More...

Augmentations : où va l’argent ?

La politique salariale 2024 décidée par la direction prévoyait une forte augmentation générale (de type « flat ») de manière à

Read More...

Paroles de salarié démissionnaire [34]

Bonjour à tous, Aujourd'hui c'est un jeune salarié avec de très bons états de service qui démissionne de l'entreprise. Nous

Read More...

One commentOn Déménagements : quand Worldline oublie (encore) l’humain

  • Vous ne devriez pas commenter les rumeurs …… (Marc Henri Desportes – Novembre 2024)
    Mais bien sur, vous pouvez lui poser toutes les questions que vous souhaitez, et peut être qu’il vous répondra ……

    Cette séance de questions / réponses d’il y a quelques jours fut un de mes meilleurs moment de rigolade de toute ma carrière chez WL, pour ne pas dire d’avoir vraiment eu le sentiment que l’on se foutait de ma gueule ….

    Alors, quand les autres la, nous parlent de l’humain, c’est à mourir de rire.

Leave a reply:

Your email address will not be published.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Mobile Sliding Menu