Intéressement 2023 : explication de la catastrophe

In Intéressement, Négociations

La grande déception

Le montant attribué dans le cadre de l’intéressement 2023 (que nous touchons au printemps 2024) est une terrible désillusion : 573€ en moyenne, contre les 2823€ sur lesquels la direction avait communiqué à la signature (de même que certains syndicats).

Nous avions pourtant espéré qu’avec la nouvelle équipe de négociation de la direction, les choses se passeraient mieux. Comme nous l’avions indiqué alors, nous avions décidé de donner le bénéfice du doute à cette nouvelle équipe en signant, malgré de sérieuses réserves.

Le détail du calcul

Voici l’atterrissage de la formule de calcul de l’intéressement 2023 (touché en 2024). Pour plus de détails sur la formule elle-même, voir notre article de l’an dernier.

 IndicateurSi l’objectif est atteint à 100%, cela génère une sous-enveloppe d’intéressement de…% atteinte objectifIntéressement 2023
I1niveau d’atteinte de l’objectif interne de Chiffre d’Affaires groupe0.75% de M.S. (masse salariale)
soit 470 € pour le salarié moyen
56%0.42% de M.S.
soit 263 €
I2croissance du taux d’OMDA groupe3% de M.S.
soit 1 883 € pour le salarié moyen
0
(-1,40 points au lieu de +1,20)
0 €
I3niveau d’atteinte de l’objectif interne SLA/SLO du groupe Worldline0.75% M.S.
soit 470 € pour le salarié moyen
66%0.5% M.S.
soit 310 €
I=I1+I2+I3Intéressement total4.5% M.S.
soit 2 823 € pour le salarié moyen
20% du nominal
0.9% de la M.S.
soit 573 € bruts pour le salarié moyen

Notre analyse

Alors que la marge réalisée par Worldline a fortement crû depuis l’arrivée de Mr Grapinet en 2013, il s’agit du pire intéressement depuis au moins 10 ans, sans doute depuis toujours.

Worldline a réalisé environ 25% de marge brute en 2023, de la croissance, etc. La santé financière du groupe est excellente. Il aurait donc été logique que les salariés, qui ont particulièrement donné en 2023, touchent une récompense à la hauteur de leurs efforts.

Mais le Top management, qui n’a pas fait le nécessaire pour réorganiser l’entreprise au gré des rachats et des évolutions technologiques, avait fixé des objectifs que nous avions dénoncés comme très difficiles à atteindre. Si on savait que les objectifs fixés fin 2021 pour 3 ans ne seraient pas atteignables (notamment atteindre les 30% de marge brute en 2024), la catastrophe est arrivée plus vite et plus fort que ce que nous escomptions.

L’accord misait presque tout sur un seul objectif, extrêmement volatil : la progression de la marge (et non la valeur de la marge).

Nous avions dénoncé ce point, demandant d’amoindrir très fortement la volatilité de l’indicateur. Mais Mr Duquenne avait insisté pour aligner la formule de calcul sur les objectifs annoncés aux actionnaires.

Heureusement, nous avions demandé que l’accord soit signé pour une seule année (contre 2 demandées par la direction), et cette revendication avait été reprise par l’intersyndicale et acceptée par la direction.

“Lesson learned”

La négociation sur l’intéressement 2024 (versé en 2025) commence. L’année 2024 ne sera pas facile. La réorganisation Power24 coûte cher à financer, et la réduction d’effectif va (encore plus) augmenter la difficulté pour les équipes de bien faire leur travail.

Si le principe “aligner la formule de calcul sur l’atteinte des objectifs” reste adopté et a du sens, les indicateurs volatils sont à proscrire. L’intéressement ne doit pas être une variable d’ajustement qui aide le top management à limiter les dégâts lorsque la marge baisse d’un pouillième.

N’hésitez pas à nous donner votre avis sur cette analyse en commentaire ci-dessous !

Bien à vous,

L’équipe CFTC

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11 commentsOn Intéressement 2023 : explication de la catastrophe

  • A mon avis, l’argent économisé servira à financer le projet CMDB 🙂 🙂 🙂

    LOL

  • “Qui aurait pu prévoir?”

    Au-delà du désastre (voulu par mesquinerie de la direction?) de l’intéressement , espérons que la participation à venir compense cette perte. Nul doute que la direction fera un geste envers ses collaborateurs pour que ces derniers pensent plus à s’investir qu’à se demander s’ils vont pouvoir manger à leur faim le soir.

  • @yann, je ne sais pas si tu es un troll, ou si tu ne connais pas la politique de participation de Worldline, mais il ne faut pas s’attendre à plus de 30€ bruts de participation, à l’image des 12 dernières années… (Et encore, ça tournait plutôt autour de 20€ ????)
    Bon courage aux Worldliniens qui restent. Pour ceux qui hésitent, la prairie n’est pas moins verte ailleurs

  • Merci pour vos commentaires,
    Yann, comme le dit Brice en filigrane, le calcul de la participation chez Worldline est régi par une formule légale assez obsolète ( [½(B – 5 % C)] x [S/V] )

    Les abondants capitaux propres de Worldline font que les “5% C” viennent quasiment anéantir la participation. La CFTC et d’autres souhaitent modifier la formule de calcul depuis plusieurs années, car il est injuste que Worldline dégage des bénéfices et que les salariés n’en touchent rien ; mais la direction y est totalement fermée.

    Plus d’infos : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F2141#:~:text=La%20formule%20de%20calcul%20l%C3%A9gale,est%20de%2034%20776%20%E2%82%AC.

  • Croissance du taux de marge… Comment peut-on croire que ce taux peut augmenter à l’infini? Il faut quand même comprendre ce que ça veut dire : si ton taux de marge est à 30%, sur 100€ que tu vends au client, 70€ servent à couvrir tes coûts et 30€ va dans ta poche. Augmenter le taux de marge veut dire passer à 40% puis 50% etc. C’est une évidence que ce ne peut pas croitre à l’infini, comment peut-on être d’accord avec un truc pareil? Par ailleurs, il s’agit purement et simplement d’arnaquer de plus en plus ses clients. Toute l’absurdité d’une société en bourse : ce n’est pas le bénéfice qui est regardé (= la masse d’argent que tu génères) mais le taux de marge. C’est à dire qu’aujourd’hui on refuse de réaliser des projets qui auraient un rendement de 20% (qui généreraient des bénéfices donc, qui feraient grossir le gain, l’entreprise aurait plus d’argent) parce que ce taux serait “dilutif” par rapport à une cible de 30%. On marche complétement sur la tête.

    • Tout à fait, Nico.

      Après, cet accord n’était signé que pour un an, pas pour 10 ans.
      L’esprit était de s’aligner sur les objectifs annoncés aux actionnaires, car au moins on est sûrs que la direction va chercher à les atteindre.

      Oui il est absurde de laisser partir des clients “juteux”… mais pas assez juteux pour les actionnaires. C’est le problème d’être rentré en bourse.

      • Le problème n’est pas l’entrée en bourse, le problème est d’avoir laissé une direction très loin du niveau requis pour entrer en bourse. La preuve, regardez le parcours de l’action depuis quelques années. La direction a fait n’importe quoi, raconté n’importe quoi en étant persuadée d’être les rois du monde. Les financiers ont regardé avec intérêt, ils accordé leur confiance au début, en disant pourquoi pas, et quand ils ont constaté que des “newbie” pétris de certitudes mal placées, les avaient pris pour des jambons, ben …. paf.
        GG, MHD doivent partir. Ils ont prouvé qu’ils n’avaient pas le niveau. Je suis désolé, quand tu n’informes pas le marché que tu as des discussions avec la BAFIN et que la BAFIN exige certains changements, cela s’appelle de l’incompétence niveau classe mondiale. D’autant plus dans un monde post Wirecard, c’est tout simplement ahurissant.
        Je m’arrête, il y aurait tant à dire …..

        • Tu as raison, si le top management avait su accompagner les nombreux changements (Cloud, croissance externe) nous n’en serions sans doute pas là.
          Après ce sont bien les actionnaires qui nous comparent à Nexi, Adyen et attendent de Worldline une rentabilité équivalente aux leurs.

          • Non, ce n’est pas ce que j’ai écris. J’ai parlé du discours et du projet porté par la direction envers la communauté financière, et non de stratégie opérationnelle ou commerciale. La communauté financière ne fonctionne pas comme tu l’évoques. La communauté écoute ce que les dirigeants d’entreprise promettent, évalue ces promesses et juge des résultats. Si les promesses ne lui plaisent pas, elle se détourne, mais surtout, si les dirigeants ne tiennent pas leurs promesses, alors la, elle sanctionne lourdement. Et c’est ce qui s’est passé. Quand la communauté financière a compris que GG avait raconté de jolies histoires (auxquelles il croyait dur comme fer très probablement), et bien la sanction a été terrible. Comme dans la vraie vie, si tu racontes des histoires, au bout d’un moment, cela te retombe sur le nez.
            Donc, soit tu ne vas pas en bourse, mais si tu y vas, t’as intérêt d’être réglo. Et de très nombreuses entreprises y arrivent très bien. Regarde les patrons du CAC40 auxquels GG osait se comparer en réclament une rémunération équivalente.

  • merci LOL pour tes commentaires qui nous permettent d’affiner notre vision ! Effectivement, vu comme ça le problème n’était pas d’aller en bourse.

    • Ou peut être qu’il fallait bien aller en bourse, pour X raisons. Mais alors, ce projet n’aurait pas du être porté par l’équipe en place.

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