Bonjour Florence,
Nous venons te solliciter concernant un épisode regrettable de la NAO 2025 (Négociation Annuelle Obligatoire) en cours. Nous avons 3 questions à te poser, et une proposition :
1. Florence, cautionnes-tu le chantage ?
Pierre-Emmanuel GOLL, le DRH France que tu as recruté chez Worldline en septembre 2023 et mandaté pour mettre en place une RCC, vient de procéder à un chantage. C’était au cours de la Négociation Annuelle Obligatoire, pour tenter d’extorquer la signature des syndicats sur un texte qui ne répond pas aux principales revendications des salariés et de leurs représentants. Il a même affiché cet acte dans une communication à tous les salariés français le 20/01.
Cette méthode très agressive ne relève pas du dialogue social mais d’une tentative de soumission. Pierre-Emmanuell GOLL vient de dévoiler aux yeux de tous les salariés, ses méthodes manipulatoires pratiquées depuis bientôt un an et demi dans la relative intimité des instances de représentation (CSE, négociation RCC, etc) ; méthodes qui t’ont déjà été rapportées.
Avec cette tentative – échouée – de chantage, la direction RH France a choisi de basculer totalement dans le rapport de force (en montrant le peu de cas qu’elle fait réellement du dialogue social).
D’autres syndicats semblent considérer qu’il est toujours préférable de s’en tenir à des discussions internes, parfois en “off” (cela commence à se savoir), et sont prêts à continuer à négocier sur des détails. Au vu des résultats obtenus en négociations depuis un an, nous ne partageons pas ce constat.
Le slogan national de la CFTC est d’ailleurs “Toujours proposer, savoir s’opposer”.
Nous avons déjà beaucoup proposé, et sans concessions significatives de la part de la direction, nous devrons passer à des méthodes d’opposition, comme nous avons dû parfois nous y résoudre ces derniers temps (avec certains résultats).
2. La direction souhaite-t-elle engager un rapport de force ?
L’histoire récente montre qu’il est peu utile de discuter avec Pierre-Emmanuel dans le cadre de négociations, on aboutit généralement à des propositions reflétant essentiellement la vision de la direction. L’alternative au dialogue social, que le DRH France est manifestement prêt à assumer, s’appelle le rapport de force. Or, il n’est pas clair que la direction soit en position de force actuellement.
Ainsi, pour sauver leur poste, nos hauts dirigeants ont dû procéder à de nombreuses opérations et déclarations douteuses depuis 2 ans, ce qui atteste d’une grande fragilité. Des éléments capitaux ont même dû être cachés aux actionnaires. Il apparaît désormais clair que les causes réelles de Power24 ont peu à voir avec celles qui ont été annoncées aux marchés, mais tout à voir avec l’explosion de frais versés à Visa et Mastercard (bientôt 1 milliard d’euros par an !? Sur les 4,6 milliards de chiffre d’affaires du groupe) et que Power24 ne résoudra donc probablement rien. La suppression des Labs a aussi été cachée aux actionnaires, même lorsqu’ils interrogeaient la direction sur la R&D en Assemblée Générale à ce sujet.
La RCC a visiblement donné lieu à des manipulations contestables (comme des changements de job roles opaques pour rendre des salariés éligibles).
3. Est-ce vraiment le moment de tendre les relations avec les représentants du personnel et les salariés – à la limite de la rupture ?
Rappelons que Worldline s’apprête à traverser des périodes très perturbées.
– nouveau CEO, avec probablement des changements de stratégies et des réorganisations supplémentaires à subir par les salariés
– revente probable de MTS (après l’externalisation des Services Généraux, vécue comme une trahison par les salariés concernés)
– déménagements de sites et réductions de locaux
De plus, comme l’écrit Pierre-Emmanuel GOLL dans sa récente newsletter, 2025 “s’annonce riche en discussions entre partenaires sociaux autour de thématiques toutes orientées vers le réengagement de nos collaborateurs. En effet, après 2024 et le lancement de la profonde transformation de nos organisations, 2025 doit faire de l’humain son centre d’équilibre.” Si l’on se fie aux actes plutôt qu’aux paroles, cela n’en prend pas le chemin.
Pour le bien des salariés (avant tout) et de la direction, nous souhaitons un retour à des négociations sincères et à un climat apaisé, afin que les changements majeurs à venir se déroulent dans un climat de recherche des meilleurs compromis (et sans compromissions).
4. Notre proposition : un compromis pour pacifier cette NAO
Pour obtenir la signature des syndicats, nous te proposons donc de réévaluer les augmentations prévues pour les salariés français, pour les porter aux alentours des revendications des 4 syndicats représentatifs (5% de budget, avec une bonne proportion d’Augmentations Générales).
Nous croyons à la dimension stratégique de la direction des ressources humaines et qu’il n’est pas possible qu’elle se contente d’être une simple exécutante des mesures décidées par la caste financière de Worldline. L’entreprise doit à nouveau miser sur l’humain et le social et tu es la garante de ce revirement.
Le budget affiché par Mr GOLL est de 2% actuellement, dont 0,4% d’AG. Un budget aussi bas est considéré comme injuste par les salariés et leurs représentants, au vu :
– de l’excellente santé financière de Worldline (rappelée chaque année par les experts économiques et financiers du CSE)
– de l’inflation subie par les salariés, et très loin d’être compensée par des budgets d’augmentation générale de ces dernières années.
Nous sommes prêts à baisser notre revendication à 4.5% (2,5% d’AG, 2% d’AI), ce qui répondrait aux attentes de la majorité des salariés. Cet investissement dans la reconnaissance des salariés représenterait finalement une somme dérisoire, en comparaison avec les scheme fees colossaux versés à Visa et Mastercard.
Nous sommes à ta disposition pour en discuter, pourquoi pas à l’occasion d’une prochaine réunion de Négociation Annuelle Obligatoire.
Bien à toi,
L’équipe CFTC
