Chronologie de la grève à mi-parcours (?)

In Actualités sociales, grève, NAO

Bonjour à tous,

Une deuxième phase de grève pourrait commencer le 8 novembre, en fonction du résultat des négociations en cours. En attendant, nous vous proposons cette chronologie de la première phase. Elle permet de bien se rendre compte de la dynamique à l’œuvre entre la direction, vous (les salariés) et vos représentants : le basculement d’une logique de dialogue à une logique de rapport de force.

Ces dernières années : un tournant dans la politique RH

Rappelons brièvement le contexte : il n’y avait pas eu de grève massive chez Worldline depuis 20 ans, car les conditions de travail restaient correctes. En effet, l’investissement des salariés était reconnu par des contreparties concrètes (congés, cadre de travail, salaires, intéressement…), et l’on y envisageait souvent une carrière sur le long terme. Mais depuis l’arrivée de Mr Grapinet et l’entrée en bourse, les décisions de la direction ont clairement sonné la fin du modèle donnant-donnant.

Ces décisions ?

  • faibles augmentations (sauf pour nos 2 top dirigeants qui se sont arrogé 14,5% et 24% en 2021), salaires et intéressement en dessous des standards du marché,
  • contraintes sur la prise des congés,
  • refus anachronique du 60% de télétravail (alors qu’en parallèle le flexoffice fait son entrée en force),
  • travel freeze fréquent, hiring freeze malgré de nombreux postes non pourvus, turn-over élevé et fuite des talents, nombreux projets en difficulté,
  • improvisations RH (« effet Domino », NAO 2022, volte-face sur la prise de congés…),
  • toujours plus d’open space et de flex office
  • imposition de congés forcés aux prestataires offshore pour le mois de septembre sans tenir compte des impératifs projet, ni de leurs risques accrus de départ …

Tout cela a été dénoncé par les représentants des salariés. Pour autant, la direction continue à demander toujours plus d’implication aux salariés, en se montrant indifférente aux difficultés engendrées.

Avril-mai – le point de rupture est atteint

Au printemps dernier, les échecs successifs des négociations sur les salaires (NAO) et même sur l’intéressement ont fini par mettre le feu aux poudres.

Dès début avril,  un mouvement social nous a paru nécessaire pour relancer le dialogue et le rééquilibrer. Les remontées du terrain laissaient entrevoir qu’une grande partie d’entre vous, les salariés, était prête à manifester son exaspération face aux errements de la direction. Mais à ce moment-là, les avis restaient encore partagés parmi les organisations syndicales, certaines voulant donner une chance supplémentaire à la seule négociation.

Comme nous le pressentions, après encore quelques semaines de vains efforts, aucune organisation syndicale n’a pu se résoudre à signer d’accord avec la direction, ni sur la NAO, ni sur l’intéressement (une première dans l’histoire de Worldline). L’option “grève générale” que nous avions mise sur la table s’est alors imposée à toutes les organisations syndicales comme le seul recours possible pour obtenir des avancées.
L’intersyndicale s’est coordonnée pour envoyer un premier tract unitaire le 3 juin, qui proposait des revendications unitaires, accompagnées d’un sondage auprès des salariés pour mesurer la motivation collective.

Juin-juillet – la direction tente de bloquer puis cède, les salariés répondent massivement

La DRH a d’abord refusé d’envoyer le sondage aux salariés, au mépris du droit du travail. Les syndicats ont organisé la riposte en contactant l’inspection du travail, en faisant la grève des négociations, et en vous diffusant un tract « la direction nous censure » le 8 juin.
Le 22 juin, la direction a finalement cédé, première victoire ! Vous avez massivement répondu (la limite technique des 1000 réponses–  a été atteinte en 48h). Puisque que vous étiez plus de 90% à soutenir les revendications, la décision a été prise de commencer la grève en septembre, après les congés d’été.

Septembre : 4 semaines de grève perlée

Le 6 septembre, nous avons été plus de 900 à participer aux assemblées générales organisées pendant 2h sur tous les sites (et c’est sans compter les « télégrévistes »). Sur tout le mois de septembre, nous avons débrayé une demi-journée par semaine, discutant et vous informant en AG. La direction a volontairement traîné  à répondre, se contentant de faire toutes les 2 semaines des pseudo-annonces qui ne répondaient pas vraiment aux revendications.

Cette stratégie d’essoufflement a modérément porté ses fruits. Certains d’entre vous ont pu céder au découragement ou la colère, et c’est bien compréhensible. Ainsi, si la mobilisation s’est bien maintenue sur plusieurs sites, elle a montré des signes de fatigue sur d’autres. Si certains d’entre vous ont fini par croire qu’on n’obtiendrait rien (ce qui était le but de la direction !), d’autres ne pouvaient pas se permettre de faire grève pour des raisons salariales (comme quoi, mal payer les salariés peut présenter des avantages inattendus). D’autres encore ont estimé que cette grève « perlée » n’était pas efficace ou n’avait pas de sens, nous demandant de durcir le mouvement.

 

Octobre : la direction forcée de relancer la négociation

Finalement, si la direction a fait mine de ne pouvoir augmenter ni les salaires, ni l’intéressement, elle a tout de même concédé d’avancer la NAO 2023 au mois d’octobre 2022. Le 27 octobre, elle sera forcée de montrer enfin ses cartes : débloquera-t-elle enfin des budgets d’augmentations à la hauteur pour mettre fin à la grève ? Dans le cas contraire, la grève repartira pour une journée complète le 8 novembre (et même pour 3 jours pour les plus motivés).

Novembre : quitte ou double ?

La direction est désormais avertie. La confiance réciproque salariés-direction n’est plus. Nos dirigeants ne peuvent plus impunément manquer de considération envers les revendications de ses salariés. Au risque de relancer de plus belle les vagues de démissions, qui sèment la pagaille dans les équipes projet et dégradent la marge opérationnelle (déjà mise à rude épreuve). Au risque d’accentuer la démotivation des salariés (après les burn-outs, le quiet quitting pointe son nez dans l’entreprise). Et au risque de relancer une 2ème phase de grève.
Le 27 octobre, la direction se voit offrir une opportunité cruciale de prouver aux salariés qu’elle écoute leurs revendications. Si elle opte pour un pourrissement, les règles de la grève se durciront. La première phase se voulait symbolique, destinée à envoyer une message sans guère désorganiser  les équipes. Mais désormais, sur au moins 2 sites, les salariés sont prêts à faire grève 3 jours. Et il existe quelques moyens de rendre cette grève plus impactante encore. A suivre de près dans les jours qui viennent !

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