CSE – le point sur la négociation : la Direction manque de vision

In CSE

Compte-rendu de la 4ème séance de négociations sur la mise en place de Comité Social et Economique chez Worldline. La séance fut peu satisfaisante, tant sur la forme que sur le fond.

Une ambiance délétère

Evacuons cette question : sur la forme, les débats furent difficiles. La séance a commencé et terminé par des séries d’invectives et de marques de non-respect, de la part de la Direction et des Organisations Syndicales.  La mauvaise foi fut telle qu’il fut impossible de se mettre d’accord sur des points aussi factuels que le nombre d’élus actuel…

L’ambiance délétère a gêné le dialogue sur le fond et empêché toute réflexion posée. Les discussions ont beaucoup porté sur des aspects « micro » et peu sur une vision globale. Nous le regrettons et appelons toutes les parties (nous compris) à plus de hauteur.

Un processus de négociation biaisé

Rappelons que lors de la 1ère réunion de négociation, la Direction avait refusé de faire un bilan global du fonctionnement des instances actuelles lors du lancement de la négociation, empêchant de constituer les bases d’une réflexion ancrée dans le réel.

Peu avant la 2ème réunion de négociation, elle nous avait envoyé un premier projet insignifiant, qu’elle a ensuite reconnu n’avoir pas eu le temps d’élaborer convenablement.

Pour cette 4ème réunion, la Direction avait voulu que les OS rédigent des projets complets, alors qu’aucune grande ligne n’avait pu être discutée au préalable. D’une part ce modus operandi empêche toute réflexion large incorporant une vision globale. D’autre part cela alourdit grandement la négociation, puisqu’on est amené à parler de détails au lieu de parler des grandes lignes. Franchement, qui ferait un grand projet sans faire auparavant une esquisse, un schéma d’architecture ?

La CFTC a pour sa part envoyé les grandes lignes d’une représentation reflétant la vision que nous en avons après avoir échangé avec les Worldliners. De son côté, la Direction avait procédé à la rédaction d’un projet d’accord complet de 10 pages, sans que nous ne nous soyons mis d’accord sur le ou les objectifs principaux de ce projet.

Le projet présenté par la Direction

 Ce projet d’accord ne correspond pas à notre vision. Il propose une organisation très centralisée, avec uniquement des élus nationaux et un CSE central. Et éventuellement quelques représentants de proximité pour les sites qui n’auraient aucun élu national au hasard des élections (et en tout petit nombre : 3 pour un site de 1000 salariés, ce n’est pas ce que nous appelons de la proximité).

Alors que la CFTC souhaite des élections plus locales, plus proches des salariés, avec une articulation entre des CSE Locaux et un CSE central.

De plus il propose ni plus ni moins de sabrer le nombre de représentants. D’environ 150 postes potentiels actuellement, on passerait à une grosse cinquantaine.

La CFDT a également désapprouvé ce projet.

La Direction n’a pas de vision de la représentation

Pour élever la discussion, la CFTC a donc demandé à la Direction quelle était sa vision du CSE, quels étaient ses objectifs à travers cet accord.

Les réponses que nous avons obtenues n’ont pas porté sur la nature de la représentation. La Direction des Affaires Sociales ne semble pas se soucier d’améliorer la qualité du travail des représentant-e-s, de rendre les instances plus transparentes, de mieux vous informer, d’avoir des représentant-e-s plus proches des salarié-e-s et des instances plus efficaces. Comme si relever la qualité du dialogue social n’était pas si important.

En revanche, la Direction a bien affiché des objectifs … sur la forme ; elle veut baisser les moyens sur 2 plans

  • Moins de charge côté Direction des affaires sociales
  • Moins de postes de Représentants des Salariés.

Les arguments de la direction pour réduire les moyens

Argument 1 : « Les instances actuelles ne marchent pas »

Donc il faudrait moins d’élus selon la Direction.

Nous sommes d’accord sur le constat, nous convenons que les instances sont souvent inefficaces (commissions CE…) et ne marchent pas toujours très bien, mais nous sommes effarés que la réponse de la Direction soit de couper les moyens des instances de représentation ! La Direction des Affaires Sociales ne devrait-elle pas vouloir améliorer les choses ?  Le dialogue social est au cœur de la culture Worldline depuis des décennies. S’attaquer à la représentation chez Worldline ne traduit-il pas une volonté de casser une dimension de notre écosystème à laquelle nous tenons pourtant beaucoup ?

La Direction ne souhaite pas réfléchir avec nous pour façonner une organisation plus efficace et afin de se doter d’élu-e-s plus représentatifs et d’instances mieux organisées. Non. La Direction souhaite seulement réaliser des économies.

Argument 2 : Certains élus bénéficient d’une « rente de situation »

Selon la Direction, des élus se complaisent dans leur mandat et n’utilisent pas leurs heures de délégations à bon escient. Là encore, nous sommes d’accord sur le constat que parfois certains élus ne sont pas très efficaces.

Mais la réponse donnée procède là encore d’un mauvais raisonnement, nous nous insurgeons contre cette logique du pire. Le fait qu’une minorité d’élus utilisent mal leurs heures de délégation est secondaire par rapport à l’objectif principal, qui est d’améliorer le travail et l’organisation des instances de représentation. Ne perdons pas le Nord : dans cette négociation, il faut chercher à avoir des élus plus efficaces, et à la CFTC nous ne manquons pas d’idées pour cela.

Argument 3 : La Direction des Affaires Sociales a trop de travail

La D.A.S part du constat qu’elle est sous l’eau pour « sauter à la conclusion » qu’il est nécessaire de supprimer certaines de ses missions « régaliennes »… mais cela présente évidemment de nombreux risques pour la pérennité d’un dialogue social de qualité dans notre entreprise.

Effectivement la D.A.S. a du mal à assumer toutes ses tâches. Mais ses difficultés résident d’abord dans un sous-effectif structurel qui dure depuis trop d’années.

Pour bien raisonner, il faudrait d’abord identifier les missions indispensables à préserver pour que le travail de représentation et le dialogue social puissent fonctionner correctement chez Worldline. Puis en déduire les moyens nécessaires des équipes des affaires sociales pour mener à bien ces missions.

Nous nous accordons avec la Direction sur le fait qu’il est effectivement possible d’améliorer l’efficacité des instances, de limiter les redites entres les élu-e-s et les sites par exemple. Mais nous sommes également persuadés qu’un dialogue social de qualité nécessite des moyens, du temps, des hommes et des femmes.

Arrêtons de voir le dialogue social comme un centre de coûts qu’il faut limiter, c’est au contraire un élément clé pour nos réussites économiques et humaines. Investissons dans le dialogue social !

La suite

La Direction nous a à nouveau appelés à faire des propositions.

Nous allons le faire, et surtout essayer de rendre plus efficaces les prochaines réunions de négociations, pour que le dialogue puisse enfin traiter du fond et s’orienter vers la recherche d’un terrain d’entente entre Direction et Organisations Syndicales.

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