Retrouvez les paroles d’un salarié qui a bien voulu mettre sur papier son ressenti suite à l’annonce du déménagement de Villeurbanne (dont on partage le point de vue).
Bonne lecture !
Hier a eu lieu la présentation du projet de déménagement et j’en suis ressorti en colère. Pas contre le projet de déménagement en lui-même, car cela fait partie de la vie d’une entreprise, mais contre la manière dont la direction mène ce changement : en n’incluant pas les salariés dans le choix de leur lieu de travail (réunion organisée une fois que l’étude a été menée) et en ayant l’impression que les chiffres ont été manipulés pour obtenir le résultat souhaité par la direction.
Dans l’invitation de la réunion d’hier, il était noté « Ce premier temps d’échanges permettra de partager le cadre du projet, son organisation et de répondre à toutes vos questions. » Je pensais que le projet était la possibilité d’un déménagement et le choix éventuel d’un futur emplacement. Mais en fait la direction a déjà fait ce choix et nous présente le résultat de son analyse faite sans concertation des salariés, du CSE et des organisations syndicales. Pour la direction, le projet présenté aujourd’hui consiste à déménager 560 salariés en 2 mois et demi sur un site temporaire déjà identifié puis sur un nouveau site définitif également identifié. Ne reste aux salariés qu’à tirer ‘le moins pire’ de cette nouvelle situation.
Revenons sur l’étude menée par la direction pour justifier le déménagement et choisir le nouveau lieu de travail de ces salariés :
- Qui a défini les critères de mesure ? Est-ce que les salariés n’auraient pas préféré ajouter un critère sur les nuisances (sonore, visuel, olfactive, la densité de personnes au m2…) plutôt que sur la présence de services de proximité tel qu’un cinéma ?
- Qui a défini la pondération ? Est-ce que la présence de bars à proximité est-elle aussi importante que l’accessibilité par tous les moyens de transport ? Est-ce que faire « chic » auprès des clients est un critère aussi important que la possibilité de se garer le matin ?
- Qui a défini les notations ? Est-ce que la présence d’un cinéma importe plus pour les salariés que la présence d’une crèche, d’un espace de verdure ou d’une piscine ? Comment est comparée la proximité du périphérique au Mirage par rapport à la proximité de la gare à la Part Dieu.
Quand un seul petit groupe de personnes venues d’autres sites (et d’autres entreprises) définit les critères de mesure, leur poids et la notation, comment pourrions-nous obtenir un résultat représentatif de la population de salariés ?
La question a été posée en réunion « comment a été calculé le temps de trajet en voiture jusqu’aux sites ? ». Réponse : la direction a inclus dans ce calcul la totalité des salariés même ceux ne venant pas en voiture et qui habitent en proximité directe des sites faisant ainsi baisser mathématiquement le temps de trajet. Je me demande donc comment a été mesurée l’insécurité sur les différents sites ? Est-ce basé sur des chiffres officiels tels que le nombre de plaintes déposée au commissariat ? Si oui à quelle distance autour du site étudié ? Est-ce basé sur le nombre de point de deal connu ? Ou est-ce basé simplement sur le ressenti de la direction. L’argument de l’insécurité ayant été répété plusieurs fois pour justifier le fait que nous devions quitter le Mirage.
Je me pose également la question du planning. 2 mois et demi de délais de prévenance pour informer les salariés d’un tel changement, est-ce suffisant ? Suffisant pour laisser le temps aux salariés de réorganiser leur vie personnelle autour de ce changement structurant : impact financier lié au nouveau trajet, impact sur les modes de gardes pour les enfants avec les changements de temps de trajets, impact sur les abonnements aux salles de sports à côté du mirage….
Est-ce qu’il n’aurait pas fallu anticiper la fin du bail et la renégociation à venir ? Se donner des jalons plus tôt afin de laisser le temps nécessaire aux salariés de s’organiser et à ce déménagement de se passer dans de bonnes conditions ?
A titre d’exemple, l’entreprise Enedis, basée à Lyon, a récemment quitté le Boulevard Vivier Merle pour le quartier de Gerland. Ce déménagement a été anticipé et réalisé sur un an. Les premiers salariés à emménager dans les nouveaux locaux ont ainsi pu remonter différents problèmes quotidiens qui ont été réglé avant l’arrivé par vague successives de la totalité des salariés.
La direction a remonté que des points réguliers auront lieu, au moins un tous les mois. Partant de là, le prochain point d’information pourrait avoir lieu à un mois et demi du déménagement. Et nous n’avons actuellement aucune information sur un changement de prise en charge des frais de transport, une réévaluation du taux de télétravail, l’obligation de réserver son espace de travail et sa place de parking… Pire, les outils pour remonter les questions des salariés (mailing, formulaire, espace SharePoint…) n’existent pas encore. Ce n’est pas rassurant quand on se souvient de la complexité et des délais avec lesquels ont été pris en compte les demandes de corrections lors du passage de Lotus à TimePlan qui était un « simple » logiciel, loin de la complexité des questions RH qui ont été soulevés pour ce déménagement.
Si on prend maintenant un peu de recul sur le contenu du projet de déménagement et qu’on se place dans le contexte mouvementé de Worldline.
Nous sortons d’un rachat important (Ingenico) qui a nécessité de revoir nos outils et nos modes de travail et pour lequel nous n’avons toujours pas de statuts commun.
Nous sommes toujours en cours d’une réorganisation structurante (Power 24) imposée par la direction en urgence pour faire face au mécontentement des actionnaires et d’un plan de départ volontaire (RCC) qui a laissé des marques dans les équipes.
Nous avons également une transformation de nos métiers vers le cloud et le DevOps qui nécessite un investissement conséquent en terme de formation des salariés.
Sans parler du fait que les personnes qui pilotent actuellement le navire sont là en transition (départ de Gilles Grapinet, de Christophe Duquenne qui est l’interlocuteur principal des représentants des salariés).
Est-ce vraiment le bon moment pour ajouter un déménagement en urgence. Est-ce qu’un peu de stabilité pour des salariés déjà très éprouvés ne valait pas 3 ans de bail supplémentaire au Mirage (le site actuel) pour préparer un déménagement plus sereinement, en une seule fois et en faisant intervenir tous les acteurs concernés ?
La direction a fait grand bruit autour du projet CARE sur la Qualité de Vie et les Conditions de Travail (QVCT) et la prévention des Risques Psycho-Sociaux (RPS). L’enquête CARE a été diffusée auprès des salariés début Novembre c’est-à-dire après que la direction ait remis la dédite du site du Mirage en Octobre, et le CSE en attend toujours les résultats… Pourtant, un déménagement ne rentre-t-il pas par essence dans une telle étude ? N’est-ce pas là une manière pour la direction de minimiser les retours des salariés concernant les RPS ?
Bien que les déménagements fassent partie de la vie d’une entreprise, je ressors de cette réunion avec le sentiment que la direction a encore une fois mené son projet en solitaire et que cette réunion n’est qu’un simulacre pour faire mine d’intégrer les salariés au projet.
Merci pour ce partage.
L’équipe CFTC
5 commentsOn Ressenti salarié, suite à l’annonce du déménagement de Villeurbanne
Ce point de présentation, très tardif étant données les échéances, et présenté comme point intermédiaire “inclusif de la population autochtone” , s’est révélé être uniquement un point de statut qui aurait pu tenir en 2 lignes dans un email.
Une seule heure étant prévue, l’orateur principal avait d’ailleurs prévu d’autres occupations extérieures pour excuser son départ, sachant très bien que les restants n’avaient aucune réponse à donner.
Beaucoup ont ressenti une vision très parisienne des préoccupations des gueux campagnards lyonnais 🙂
Quoi ? ces gueux ne vont pas au cinéma/théâtre et au restaurant tous les soirs en sortant du travail ? Ce n’est pas leur première préoccupation? Mais comment vivent-ils ?
Pour le reste, on comprend très bien :
1/ que la première consigne reçue de la direction était une localisation proche de la P-D. Difficile de faire plus proche. Restait à le justifier au travers d’indicateurs collant à la décision centrale.
2/ qu’ils ont apparemment été mis devant le fait accompli par le bailleur du site actuel. WL ne peut pas la faire à l’envers à tout le monde ?
3/ que l’avis des collaborateurs n’a jamais été sondé , ou alors en comité ultra réduit et sélectionné sur invitation et favorables à n’importe quel choix de la direction
4/ une impression de sauve-qui-peut pour l’espace de coworking avec le prestataire spaces sous dimensionné , mais peut-être salutaire pour faire partir d’autres ressources. Départs supplémentaires qui feraient bonne figure au futur bilan S2 2025 boursier, et sur le prochain split de MeTS.
5/ La précipitation est surement en lien avec les prochaines annonces de résultat.
Pour résumé:
” On a pensé ce qui était le mieux pour vous, sans vous le demander, ni vous connaitre. D’ailleurs, on s’en moque de vos avis.
Peut-être qu’on vous sollicitera pour la couleur du papier toilette”
Merci pour ton témoignage synthétique, que nous partageons, ainsi que beaucoup de salariés …
C’est comme pour le site de Blois…. exactement la même méthode. Un semblant de consultation des salariés. On est quand même sacrément pris pour des jambons…
Tout à fait. Pour bien défendre les salariés face à un tel niveau de mépris, il va falloir des syndicats plus combatifs que ce que Worldline a connu par le passé !!
Complètement. 2ème réunion pour Blois hier. A ce stade, rien n’est encore clair…
une partie doit aller dans un batiment où à ce jour tout reste à faire (on est en mode dalle de béton), 80 personnes dans l’équipe, 50 places de prévues, et… 12 places de parking… ceci n’est qu’un exemple… j’ai du mal à croire que dans 4 mois (la date prévue pour nous) tout sera prêt, c’est pas comme s’il y a avait des travaux à faire, que cela doit passer par CBRE… et que les entreprises pour les travaux à faire ont déjà d’autres chantiers et ne seront pas dispo à la seconde…
Bref, je rejoins tout à fait le fait que c’est fait à la va-vite, sans prendre en considération l’impact réel sur les salariés… je confirme, dans WL, le H de RH a disparu….
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