Intéressement : une signature dans la douleur

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La diminution importante de notre prime d’intéressement en 2018 a amené la Direction et les organisations syndicales à rouvrir la négociation sur ce dispositif clé du partage de la valeur ajoutée. La négociation vient de se terminer, la Direction soumettant à notre signature un projet améliorant la formule actuelle sur plusieurs points.

Nous vous proposons une rapide présentation de ce projet qui nous permettra de souligner les raisons entrainant notre signature.

Dans un second temps, nous reviendrons sur le déroulement de cette négociation qui fut un très bon exemple de ce qu’il ne faudrait pas faire.

Très bonne lecture !

Le projet de la Direction

La logique de projet de la Direction reste inchangée : au cœur de notre intéressement réside notre marge opérationnelle. Nos échanges nous ont permis néanmoins d’améliorer sensiblement la formule actuelle. Quelques explications.

Protéger notre intéressement

Auparavant notre formule précisait que si notre marge opérationnelle était inférieure à 50 millions d’euros, alors notre intéressement était nul.

Le projet de la Direction propose de supprimer ce seuil et de déclencher le calcul de notre intéressement dès le premier euro de marge. C’est évidemment une bonne chose, particulièrement dans le contexte actuel avec plusieurs projets nuisant lourdement à notre atterrissage 2018. Nous pensons par exemple au projet SAMU.

Quelques chiffres pour mieux comprendre : les objectifs pessimistes de la marge 2018 pour la France seraient tous juste supérieures à 50 millions d’euros. Des complications durant le second semestre pourraient facilement nous faire basculer sous les 50 millions, ce qui serait synonyme d’un intéressement nul.

La suppression du seuil de 50 millions garantie la distribution d’une prime d’intéressement en 2018.

Ajout d’un bonificateur sur la prise de commande

La formule actuelle

Pour rappel, la formule actuelle de notre accord d’intéressement procède en deux étapes :

Dans un premier temps elle calcule le montant de l’intéressement de base (IB) de la manière suivante, R étant le taux de marge de Worldline France :

Puis elle applique quatre bonificateurs à l’intéressement de base (IB) :

  • F0 indexé sur la croissance de la marge de de Wordline France
  • F1 indexé sur la croissance du chiffre d’affaire totale « Build & Run » de Worldline France
  • F2 indexé sur la croissance du chiffre d’affaire du Groupe Worldline
  • F3 indexé sur la croissance du taux de marge du Groupe Worldline

Ainsi, l’enveloppe totale de notre intéressement est calculée de la manière suivante :

Introduction d’un bonificateur sur la prise de commande

La Direction propose d’ajouter un cinquième bonificateur indexé sur notre prise de commande afin que notre formule reflète mieux notre réalité opérationnelle :

Soit F4 le coefficient « Book-to-Bill » BTB, ratio du montant des entrées de commandes (« order entry ») sur le chiffre d’affaires en valeur absolue de « Worldline France » tel que défini ci-dessous :

Quelles conséquences sur le montant de notre enveloppe d’intéressement ?

Imaginons plusieurs calcules du bonificateur  « Book to bill » en fonction  de 3 scénarios : pessimiste, optimiste et très optimiste.

Optimiste

Très optimiste

Pessimiste

Order Entry (OE)

 NC

 NC

NC

Revenu Stand Alone (RSA)

NC

NC

NC

Bonificateur F4

1,168341709

1,193467337

1,030150754

 

Analysons à présent l’impact du bonificateur F4 en fonction des 3 scénarios[4] :

 

Selon les scénarii, le gain potentiel de l’introduction du bonificateur varie énormément :

  • Un atterrissage 2018 proche de la vision pessimiste permettrait de dégager guère plus que la formule actuelle : on gagnerait 70 000€ avec un taux de marge de 13% alors qu’une profitabilité à 18% permettrait de distribuer un peu plus de 150 000€ supplémentaire.
  • La vision optimiste, en phase avec la dernière projection de la Direction, est déjà bien plus sympathique : à un taux de marge de 15%, le nouveau bonificateur viendrait gonfler l’enveloppe d’environ 500 000€.
  • Alors dans le scénario optimiste, un atterrissage à 15% de taux de marge ferait encore un peu mieux avec 630 000€ supplémentaire sur la table.

Bien que nous n’ayons pas la main sur l’impact futur du bonificateur « Book to bill », son introduction est positive et permet d’améliorer la formule actuelle de notre accord.

Une signature dans la douleur

La manière avec laquelle la Direction a mené cette négociation est inacceptable.

Alors que nous étions au terme de cette négociation après plusieurs réunions d’échanges sur le projet de la Direction[1], cette dernière a accepté de poursuivre les discussions avec la CFDT uniquement. Tête à tête qui permettra de revisiter en profondeur le projet initial de la Direction et l’équilibre qu’elle nous proposait:

  • Le projet initial essayait de penser ensemble les deux dispositifs de partage de la valeur ajoutée, et en quelque sorte de sacrifier la participation au profit de l’intéressement. Etant donné que la participation demeure très aléatoire en s’appuyant sur des indicateurs déconnectés de nos opérations, il est préférable de concentrer nos efforts sur la formule d’intéressement afin d’assurer stabilité et enveloppe « généreuse ».
  • La nouvelle copie de la Direction balaye cette première proposition et nous propose un équilibre opposé : une amélioration de la formule d’intéressement limitée et un nouvelle formule de calcul de notre réserve de participation qui devrait dégager 300 000€ supplémentaire[2].

Notre mécontentement est multiple :

Le projet soumis à la signature fut négocié en dehors du dialogue social mais dans le cadre de réunions bilatérales. A aucun moment nous avons pu échanger sur ce nouveau projet alors qu’il rentrait pourtant en contradiction avec la proposition initiale de la Direction.

En procédant de la sorte, la Direction nous dit en substance : « Vous la CFTC, votre avis, vos analyses, les salariés que vous représentez, cela ne nous intéresse pas! »

Pourquoi ce mépris ? C’est tout simple : l’accord pour être valable doit être signé par une ou plusieurs organisations syndicales représentant plus de 50% des salariés[3]. Aujourd’hui la CFTC avec une représentativité légèrement inférieure à 50% n’est donc pas en mesure de le faire. C’est ballot …

La Direction à travers sa manière de faire et face à deux organisations syndicales représentatives chez Worldline semble nous murmurer : « Et toi là, circulez, y a rien à voir ! Toi par contre viens par là j’ai quelque chose à te dire dans l’oreille ! »

Le dialogue social chez Worldline a encore quelques progrès à faire …

Bien que nous ayons été exclus de la fin de la négociation et que le projet soumis aujourd’hui à la signature soit de moins bonne qualité que la version initiale du projet, nous envisageons une signature de cet accord qui permettra d’améliorer le partage de la valeur ajoutée

La vie de syndicaliste n’est pas facile, n’hésitez pas à venir nous aider 🙂

Bien à vous

Toute l’équipe de la CFTC


[1] Ce projet abandonné est présenté sur notre site à l’adresse suivante : http://bit.ly/2tpziqg

[2] Une communication dédiée à la participation vous sera transmise prochainement

[3] Plus précisément, l’accord majoritaire est un accord collectif devant être signé par un ou plusieurs syndicats représentant au moins 50 % des voix exprimées en faveur des syndicats représentatifs lors du 1er tour des dernières élections professionnelles

[4] Les valeurs des bonificateurs F0, F1, F2 et F3 ont été fixées aux valeurs de 2017. Soit F0=0,927, F1=0,948, F2=1,040 et F3=1,131.

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