Avant de nous pencher sur le document universel 2020 de Worldline, nous vous proposons un petit avant-goût à travers une sélection des infos les plus croustillantes de l’assemblée générale de nos actionnaires.
2 petites heures à écouter nos dirigeants et les rapporteurs des différentes commissions du conseil d’administration, ce n’est pas aussi drôle que South Park mais on y apprend néanmoins des choses intéressantes.
Très bonne lecture !
Sommaire
Comment bousculer la logique de nos dirigeants et de nos actionnaires ?
Sur la rémunération des hauts dirigeants
Comment bousculer la logique de nos dirigeants et de nos actionnaires ?
Quelques mots sur les priorités du groupe Worldline qui ont été rapidement présentées par le PDG, monsieur Grapinet. En substance, l’année 2021 devrait permettre à Worldline d’améliorer son profil de croissance et sa profitabilité. Rien de très original. Nos dirigeants prévoient une montée en puissance de nos plans de synergies afin d’atteindre nos objectifs. La croissance externe est, elle aussi, toujours au cœur de la stratégie de l’entreprise : en se saisissant des meilleures opportunités dans le monde du paiement, elle accompagnera notre croissance tout au long de l’année.
Nos réussites futures sont donc principalement pensées à travers un prisme économique. Il est important de relever ce point qui souligne l’invisibilisation de la dimension humaine dans l’atteinte de nos objectifs : nos succès ne résultent pas directement du travail des salariés.
Cette logique à l’œuvre est évidemment paradoxale (sans le travail des salariés il est probable que notre croissance se dégraderait !) et dommageable pour nous tous : dans la rationalité économique, l’humain est une variable comme une autre sur laquelle on peut jouer, comme avec une marchandise.
Comment alors réussir à introduire une dimension humaine dans l’esprit de nos dirigeants et de nos actionnaires ? Comment les convaincre que se soucier des salariés et de leurs conditions de travail n’est pas incompatible avec un objectif de croissance et d’amélioration de la profitabilité ?
La première réponse à ces questions pourrait viser à articuler de l’humain sur la rationalité économique de nos dirigeants. Ensemble, salariés et représentants, pourraient s’atteler à rendre visible le coût d’une mauvaise politique salariale et de conditions de travail dégradées. Il faudrait à la fois mesurer ces difficultés puis réussir à les traduire dans un langage économique. Par exemple, combien cela « coûte » à l’entreprise que des salariés soient victimes de burnout les uns après les autres ?
Pour ce faire, le droit du travail nous offre des moyens dont il faudra nous saisir :
- L’article L. 2312-32 du code du travail dispose que le dernier bilan social accompagné de l’avis du CSE est adressé aux actionnaires dans les mêmes conditions que les autres documents. Plus notre avis sera riche et précis, proposant des analyses fines de la situation des salariés en s’appuyant sur nos échanges nombreux, plus la probabilité de « bouger » le cadre d’analyse de nos dirigeants sera grande. La qualité de la relation entre représentants et salariés est donc indispensable. A nous de consolider nos liens !
- L’article L. 2312-73 dispose que les membres de la délégation du personnel au conseil d’administration peuvent soumettre les vœux du CSE au conseil d’administration, lequel devant alors rendre un avis motivé sur ces vœux.
- L’article L. 2312-77 (et au niveau réglementaire les articles R.2312-32 et R.2312-33) dispose que le CSE peut requérir l’inscription de projets de résolutions à l’ordre du jour des assemblées.
Bien que ces dispositifs légaux soient limités, ils nous offrent néanmoins des moyens pour rentrer en contact et tenter de s’immiscer dans des sphères auxquelles nous n’avons pas accès.
Ce travail débutera dans les prochains mois avec pour objectif de peser un peu plus lors de l’AG de 2022.
Quelques chiffres
Quelques chiffres afin de fixer des repères pour l’année 2020 :
- Chiffre d’affaire de 2,7 milliard d’euros
- Excédent brut d’exploitation (EBO) de 700 millions d’euros, qui est stable par rapport à l’année 2019. En revanche la profitabilité est en hausse qui progresse de 0,6 point en 2020 passant de 24,9% à 25,5%.
- Flux de trésorerie de 349 millions d’euros, soit un ratio de conversion de 49,8% de l’EBO.
- Résultat net de 361 millions d’euros
- Le bénéfice par action (BPA) s’élève à 1,76 euro par action, soit une augmentation de 8%.
- La charge financière s’élève à 28 millions d’euros dont 20 millions sont dus aux intérêts des obligations et OCEANE. C’est grosso modo tous les petits cadeaux que se font les hauts dirigeants en s’offrants des actions gratuites et des stock-options.
- Le montant des rémunérations versées aux dix personnes les mieux rémunérées s’est élevé, pour l’exercice clos le 31/12/2020, à la somme de 4,4M€.
L’évolution de la performance boursière est également instructive :
Il est intéressant de mettre ces différents chiffres en regard des sommes attribuées dans le cadre de la politique salariale. Par exemple :
- L’enveloppe de notre intéressement avoisine 4 millions d’euros
- L’enveloppe des primes PIVA avoisine 4,5 millions d’euros
Là encore, la mise en parallèle de ces montants souligne l’arbitraire de la répartition de la richesse que nous créons. Nous devons tous ensemble travailler à fissurer cette proposition inégalitaire et imposer un ordre favorable aux salariés.
Sur la rémunération des hauts dirigeants
Une présentation rapide de la rémunération du président directeur général et de son délégué, vient confirmer l’analyse précédente.
Monsieur Grapinet a obtenu une augmentation de 15% de sa rémunération fixe. Son délégué, monsieur Desporte, voit pour sa part sa rémunération progresser de 24%. Ces augmentations portent la rémunération fixe de notre PDG à 750 000€ et celle du DGD à 440 000€. D’autre part, les rémunérations variables annuelles des PDG et DGD sont fonctions de la performance de notre entreprise qui sont plafonnées à 130% des rémunérations fixes. Rappelez-vous que les rémunérations de Messieurs Grapinet et Desporte comportent également une composante variable pluriannuelle. Elle prend la forme d’une distribution d’actions de performance et d’option d’achat d’actions. Cette rémunération pluriannuelle permet à nos dirigeants d’empocher régulièrement des sommes astronomiques. Nous reviendrons plus en détail sur ce sujet lors de notre analyse du document universel.
Sur les dividendes
A nouveau, l’assemblée générale des actionnaires a décidé de ne pas distribuer des dividendes en 2021. Néanmoins il est important de garder en tête que le Groupe a pour objectif de distribuer des dividendes à hauteur d’environ 25% de son résultat net consolidé. Pour rappel, le résultat net de Worldline était supérieur à 330M€ en 2019, il se positionne légèrement au-dessus de 160M€ à la fin de l’année 2020. Ces résultats auraient pu entrainer respectivement une distribution de 82M€ et 40M€ de dividendes.
En comparaison, notre intéressement tourne autour de 4 millions d’euros depuis plusieurs années.
Les résolutions votées
Quelles analyses pouvons-nous faire des résolutions votées lors de l’assemblée générale ?
Tout d’abord, nous remarquons que l’ensemble des résolutions ont été adoptées, dans la plupart des cas, avec une majorité écrasante. Le taux d’actionnaire se positionnant contre une résolution ou préférant s’abstenir est régulièrement inférieur à 1%.
Il est donc particulièrement intéressant de remarquer quelles sont les résolutions qui dérogent à cet état de fait.
On notera tout d’abord qu’un administrateur a été renouvelé dans ses fonctions alors que plus de 30% des actionnaires y étaient défavorables. Cette contestation vise le censeur du conseil d’administration, rôle qui est aujourd’hui occupé par Monsieur Johannes Dijsselhof. Il serait intéressant de comprendre les raisons ayant entrainé des actionnaires à s’opposer à ce renouvellement. D’un côté cette « fronde » pourrait traduire une opposition des actionnaires à la présence même d’un censeur au sein du conseil. Le rôle particulier du censeur, en charge du respect de la stricte application des statuts, pourrait en effet apparaitre comme un gêneur dans le fonctionnement « harmonieux » de l’entreprise. A l’inverse, ce vote pourrait indiquer une crainte des actionnaires quant à la capacité du censeur de mener à bien ses missions.
Ensuite, il est notable que plus de 37% des actionnaires n’aient pas souhaité approuver les éléments composant la rémunération totale et les avantages en nature versés ou attribués à Messieurs Grapinet et Desporte. Là encore, différentes raisons peuvent amener les actionnaires de Worldline à s’opposer à ces résolutions. La compréhension de la motivation des actionnaires pourrait se révéler particulièrement instructive : sont-ils favorables à une diminution des rémunérations de nos dirigeants ? Sont-ils favorables à une politique salariale plus équilibrée et plus favorable pour les salariés ?
Finalement, de manière plus anecdotique, remarquons que plusieurs délégations de compétence sont rejetées à hauteur d’environ 15%. Cela concerne principalement les délégations relatives à l’émission d’actions et à l’augmentation du nombre de titres de notre société. Des explications de la direction pourraient se révéler pertinentes. Précisons dès maintenant certaines limites encadrant ces délégations :
- Le nombre total des actions pouvant être attribuées gratuitement ne peut excéder 0,5% du capital social de la société. A l’intérieur de ce plafond, le nombre total des actions attribuées aux dirigeants mandataires sociaux exécutifs de la société ne peut représenter plus de 0,025% du capital social de Worldline.
- De la même manière, l’attribution d’options de souscription ou d’achat (stock-options) ne peut pas excéder 0,55% du capital social.
Nous tenterons d’aborder ces différents sujets lors de la prochaine réunion plénière du CSE.
Des questions ? Toute l’équipe CFTC est là pour vous répondre.
Bien à vous
5 commentsOn AG des actionnaires Worldline : les meilleurs moments !
Sauf erreur de ma part, nous sommes un certain nombre de salariés à avoir des actions Worldline. Pour autant, je n’ai reçu aucun document m’indiquant comment voter à l’AG Worldline. Est-ce logique ? normal ?
Nous ne possédons pas les titres directement. Mais nous possédons des part d’un fonds logé dans le PEG, et qui lui détient les titres.
Les spécialistes confirment ils ?
Si oui, alors, ce sont les représentants du fonds qui détiennent les droits de vote.
Il me semble que les représentants de ce fonds sont répartis entre les représentants de la direction et des salariés.
Qui sont ils ? Y a t’il une gouvernance de ce fonds ?
Quel part du capital représentante l’actionnariat salarié ?
Le fonds pourrait avoir un poids significatif s’il devait s’exprimer.
Merci Ludovic et LOL pour vos commentaires.
Nous prenons vos questions et les adresserons à la direction lors de la prochaine plénière du CSE.
Bien à vous
Vous voulez dire que l’année où Worldline n’a pas augmenté ses collaborateurs, ses dirigeants ont été augmentés de 15% et 24% ?
Si c’est le cas, ma confiance en Worldline et ses dirigeants vient d’en prendre un sacré coup.
Hello Christophe,
Merci pour votre commentaire.
Une petite précision : Messieurs Grapinet et Desportes ont refusé leurs augmentations en 2020 étant donné le contexte sanitaire et les incertitudes sur l’atterrissage 2020. De la même manière, la direction France a justifié la non augmentation des salariés en raison du contexte Covid-19. En revanche les objectifs de performances à atteindre pour bénéficier des éléments de rémunérations variable et pluriannuelle ont été validés indépendamment des résultats de l’entreprise. Messieurs Grapinet et Desportes ont donc bénéficié de ces avantages.
Pour l’année 2021, une très grandes majorité des salariés et nos dirigeants vont bénéficier d’augmentations. Pour les salariés l’annonce des augmentations est imminente, et pour les dirigeants elles ont été décidées lors de l’AG.
Bien à vous
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