Retours sur la réunion de négociation Intéressement du 23 Avril 2020

In Intéressement

La seconde réunion de négociation relative au renouvèlement de notre accord d’intéressement s’est déroulée mardi 23 avril 2020.

La Direction a présenté une première ébauche du projet qu’elle souhaite discuter avec les organisations syndicales. Nous vous proposons aujourd’hui de revenir sur les informations les plus pertinentes échangées durant cette réunion.  

Une analyse plus précise de la proposition de la Direction par l’équipe CFTC suivra dans les prochains jours.

Très bonne lecture !

Préambule

Vous êtes nombreux à nous questionner régulièrement sur ce que recouvre précisément la Marge Opérationnelle avant Amortissements et Provisions, ce qui donne en anglais Operating Margin before Depreciation and Amortization (OMDA).   

C’est en effet un indicateur clé de la formule actuelle du calcul de notre intéressement. L’indicateur devrait être utilisé dans notre prochaine formule. Il est donc important de bien comprendre de quoi il s’agit.

Schématiquement nous pouvons distinguer 3 marges différentes :

  • La marge nette : c’est le rapport entre le bénéfice de l’entreprise et le chiffre d’affaires. C’est donc la marge que l’on obtient en bout de chaine après avoir pris en compte l’ensemble des « charges » de notre activité : La rémunération des salariés, les charges fixes liées à notre fonctionnement (locaux, transports, machines, etc.), les impôts et l’ensemble de nos amortissements et de nos provisions.
  • La marge opérationnelle : elle correspond au rapport entre le résultat d’exploitation et le chiffre d’affaires. Ce ratio indique la performance économique avant prise en compte du résultat financier, des impôts et des événements exceptionnels. Elle est donc toujours plus sympathique que la marge nette.
  • La marge opérationnelle avant amortissements et provisions (OMDA) : comme son nom l’indique, elle est calculée avant les amortissements et les provisions. Elle correspond donc au rapport entre le résultat d’exploitation auquel les amortissements et les provisions ont été réinjectés et le chiffre d’affaires. Elle est forcément supérieure à la marge opérationnelle. Et c’est elle qui devrait être au cœur de notre prochain accord.

Présentation du projet de la Direction

La Direction a profité du début de la réunion pour présenter rapidement son projet[1].

La copie présentée est très proche de notre accord précédent. Les modifications principales sont les suivantes :

  • L’OMDA de Worldline France sera bien au cœur de la formule mais son montant sera légèrement retraité afin de neutraliser plusieurs biais. L’objectif de la Direction est d’exclure les coûts « corporate » afin de pouvoir mesurer au plus près notre performance opérationnelle. Elle s’inquiète particulièrement des conséquences sur notre OMDA des projets de croissances externes. Qu’un deal de croissance externe se réalise ou bien qu’il capote, il nécessite dans tous les cas beaucoup de travail et beaucoup d’argent. La Direction estime légitiment que ces charges n’ont pas à être prise en compte pour évaluer la qualité du travail et des efforts des salariés. Cette modification est donc positive et nous permettra de gonfler notre OMDA.
  • Un bonificateur supplémentaire basé sur la prise de commande est ajouté à la formule de notre accord précédent. Dès lors que le ratio des entrées de commandes sur chiffre d’affaires de Worldline France sera positif, il entrainera une augmentation de l’enveloppe de base de notre intéressement. Cette modification est donc positive également.
  • Une indexation de l’enveloppe de base de notre intéressement sur le taux de croissance de l’effectif CDI et CDD (hors alternants)  « Worldline France ». En gros, si l’effectif croit d’une année sur l’autre, l’enveloppe gonflera, s’il décroit elle diminuera.  
  • La nouvelle formule de calcul proposée par la Direction modifie les seuils de déclenchement de notre intéressement et la pente de la courbe déterminant son enveloppe. En fonction de notre taux d’OMDA (R), la proposition de la Direction est la suivante :
    • Si R < 10%  Intéressement de Base  = 0
    • Si R >= à 10% et R < 30 % alors Intéressement de Bas = (0,28 * R) – 2.8
    • Si R >= à 30% alors Intéressement de Bas = (0,18 * R) + 0.2  

Tout ça reste un peu abstrait, mais promis nous revenons rapidement avec des simulations afin de comparer cette nouvelle formule à la précédente. Il est important de remarquer les seuils définis par la Direction : 10% et 30%. Ces valeurs pourraient nous donner une information sur la fourchette de marge attendue par la Direction.

Marge locale vs marge globale

Comme nous l’expliquions dans un post précédent, l’une des critiques de l’accord actuel porte sur l’indicateur principal de la formule qui est centré sur le taux de marge de Worldline France. Nous pourrions en effet privilégier un indicateur calculé sur les résultats du Groupe Worldline et non pas uniquement ceux du périmètre français. Plusieurs raisons pourraient justifier en effet une bascule de l’un vers l’autre :

  • Notre entreprise est mondiale, les équipes des différentes géographies sont de mieux en mieux intégrées, il est de plus en plus délicat de mesurer l’effort et les résultats opérationnels d’un pays.
  • Etant donné que notre Direction Générale communique sur les résultats du groupe Worldline, une formule s’appuyant sur les résultats du Groupe assurerait une complète transparence et limiterait les suspicions de petites combines, péréquations et écritures comptables opportunistes afin de limiter le gâteau à distribuer.

Mais inversement, une formule « globale » pourrait introduire de nouveaux problèmes :

  • Serait-il « vertueux[2] » de distribuer une grosse prime d’intéressement aux salariés travaillant en France en raison de la qualité des résultats du Groupe, alors que les résultats des activités française sont en souffrance ?
  • Quelle serait la réaction des salariés s’ils percevaient une petite prime après une année difficile du Groupe, alors que les activités françaises sont fleurissantes ?

La Direction refuse une formule qui se baserait uniquement sur le taux de marge du Groupe. En revanche, elle accepterait d’introduire une mécanique basée sur le taux de marge des activités françaises et sur celui du Groupe. Une répartition 70/30  à la faveur des résultats France pourrait être une solution acceptable.

Coté CFTC, nous ne sommes pas encore vraiment quoi en penser. Avant de pouvoir répondre à ces différentes questions, il nous semble nécessaire de repenser plus globalement la répartition de la richesse que nous créons.

Mieux répartir la richesse que nous créons

A nouveau, nous avons questionné la Direction sur la répartition actuelle de la richesse que nous créons : est-ce que l’équilibre actuel est satisfaisant ? Est-ce qu’elle vise à travers la prime d’intéressement à rééquilibrer les choses ?

Malheureusement, la Direction est inflexible. Elle considère que la situation est satisfaisante. Cette position nous semble fragile et très minoritaire au sein de l’entreprise, sachant que chaque année l’enquête Great place to work révèle que nous sommes près de 90%[3] à considérer que nous ne recevons pas « une part équitable des profits réalisés par notre entreprise ».

Et effet, cette impression partagée par la très grande majorité des salariés apparait comme étant très légitime. Quelques chiffres pour rappel :

  • L’enveloppe d’intéressement c’est environ 4M€ pour l’ensemble des salariés travaillant en France
  • L’enveloppe des primes PIVA tourne autour de 4M€. Elle bénéficie à un peu plus de 3000 salariés.
  • L’enveloppe des primes sur objectif avoisine les 7M€ pourenviron 500 bénéficiaires.
  • Les primes commerciales constituent une coquette somme d’environ 2M€ que se répartissent moins de 80 personnes.
  • Près de 400 000 options d’achat d’actions Worldline ont été attribuées en 2018  aux membres du conseil d’administration et aux hauts dirigeants. La valeur des options attribuées s’élève à 20M€.
  • La politique de dividende du Groupe prévoit de distribuer aux actionnaires de la société « des dividendes à hauteur d’environ 25 % de son résultat net consolidé[4] ». En 2019 notre résultat net s’élevait à plus de 300M€, ce qui aurait pu donner une enveloppe de dividende de 75M€.

Nous continuons à penser que l’intéressement doit nous permettre de rééquilibrer le partage de la richesse que nous créons en faveur des salariés. La situation actuelle est bien trop déséquilibrée pour être acceptable.

Les propositions de la CFTC 

Nous sommes en train de travailler sur plusieurs pistes afin d’améliorer la copie de la Direction. On vous présente tout ça très prochainement.

Des questions ? Des commentaires ? Des suggestions ? Toute l’équipe CFTC est là pour vous répondre.

Bien à vous et courage pendant le confinement !

Toute l’équipe CFTC


[1] Vous pouvez télécharger le projet de la Direction en ligne

[2] C’est le mot utilisé par la Direction

[3] Des salariés ayant répondu à l’enquête

[4] Voir le document de référence 2018 de Worldline

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