Chaque année, au premier janvier, j’ai envie de partir du bon pied, de bien commencer, de laisser à l’année écoulée mes mauvais côtés. C’est comme une petite chanson qui revient avec son refrain entêtant, insouciant, invitant à la rêverie et aux voyages vers des contrées éloignées.
Chaque année, je souhaiterais consacrer plus de temps aux personnes que j’aime, à ma famille et à mes amis, j’aimerais me balader autour du monde, rencontrer des argentins, boire un verre de vin au Chili ou sur l’île de Pâques, danser à Cuba, flâner en Jamaïque, voir un ours au Canada et le suivre jusqu’en Alaska, retrouver Gauguin en Polynésie, me faufiler entre les dauphins et les coraux jusqu’aux mers de Chine, prendre de la hauteur sur le toit du monde avant de m’installer dans un train à Vladivostok, puis revenir en France au hasard des rencontres et des chemins …
Chaque année, pourtant, je passe de plus en plus de temps au boulot, je suis déçu d’avoir l’impression d’être un pion, je m’agace de ne pas avoir mon mot à dire, les organisations, les outils, les procédures de qualité tombent sur ma tête comme des grosses gouttes d’eau qui glissent le long de ma nuque jusqu’au milieu du dos …
Retour à la maison. Ça colle toujours à la peau, j’en ai plein la tête des images de patron, de petits chefs, de clients gentils ou qui en font un peu trop. Il faudrait se poser pour reprendre son souffle et apprécier la douceur et l’humanité du cocon de la maison. Mais la vie perso est une course après le temps, tout le temps, je m’agite un peu dans le vent. Finalement je ne vois pas plus mes proches et les rares voyages que je fais c’est au bistrot où je baragouine quelques mots étrangers à la fin de mes soirées arrosées …
Alors cette année afin d’éviter de me disperser, afin que mes résolutions cessent de ne mener à rien, afin de réconcilier le boulot et le perso, j’ai décidé de prendre une seule résolution :
Cette année j’ai décidé de me syndiquer !
Parce que le syndicalisme c’est la possibilité de se regrouper entre hommes et femmes, et non plus comme des pions
Parce que le syndicalisme nous offre la possibilité d’être un collectif uni autour de valeurs d’entraide, de solidarité et de tolérance
Parce que sans le syndicalisme, le respect et l’épanouissement de tous seront toujours un rêve sans lendemain
Parce que le syndicalisme est la meilleure manière de participer à l’évolution harmonieuse de notre entreprise et de construire un équilibre entre nos vies personnelles et nos vies professionnelles
Parce que je n’imagine plus passer 1/3 de ma vie dans une entreprise sans dire ce que j’en pense, sans exprimer mes souhaits et mes difficultés
Parce que le syndicalisme est fait pour nous, et si on ne s’en empare pas collectivement personne ne le fera à notre place
Parce que la loi El Khomry donne la possibilité aux syndicalistes de modifier des caractéristiques clés de nos emplois
Parce que j’aimerais que mon entreprise soit une « Great Place To Work »
Parce que le syndicalisme nous permet de faire entendre un autre son de cloche
Parce que « changer la vie » « c’est d’abord changer la vie de chaque jour, la vie réelle »
Parce que …
Toute l’équipe CFTC vous présente ses meilleurs vœux pour cette nouvelle année.
2 commentsOn Résolution
L’impression de pion est lié au fait Worldline soit une multi-nationale, conséquence du mondialisme qui permet aux decideurs de mettre en compétition les ressources de tous les pays.
Les voyages que vous suggérez (Chili, Cuba, etc.) sont la même chose, car tous les pays sont en compétition pour le tourisme – et les gens vont en général vers le moins cher. Trop chère la France…
“Dieu se rit de ceux qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes.” (Bossuet)
Bonjour Bernard,
Nous sommes complétement d’accord avec toi. Notre communication à la première personne du singulier indique bien que ce n’est pas nous qui parlons, mais un “salarié” témoin d’une certaine manière. La force du capitalisme est de s’immiscer au cœur même de nos désirs, en croyant se libérer de son emprise on participe souvent à son renforcement. Sur le constat nous sommes unanimes.
Le “changer la vie” de Rimbaud, la référence à l’importance du quotidien à la fin de notre communication indiquent la direction qui nous semble la plus prometteuse: travailler à être ensemble autrement, à se déprendre, à se soustraire d’une forme d’organisation autoritaire, inégalitaire et aliénante.
Se syndiquer est un premier pas
Bien à toi