Boost en question

Notre Direction a annoncé il y a quelques jours le lancement d’un plan d’actionnariat Worldline. Nom de code BOOST. Le mot entremêle les idées de croissance, d’augmentation à celles d’entraide et de soutien. «To give somebody a boost » se traduit littéralement par « Faire la courte échelle », alors que son sens figuré est proche du coup de pouce que nous pouvons donner à un ami. Augmenter le capital de la société tout en augmentant le sien, c’est du gagnant-gagnant, tout le monde est content. Pourtant une fois encore, quand bien même cette opération pourrait être individuellement intéressante, nous ne pouvons cesser d’être méfiants, cela pour différentes raisons que nous aimerions partager avec vous.

L’offre a beau être joliment emballée, sous les paillettes, les décotes et les actions gratuites, elle consiste en définitive à donner de l’argent à notre Direction en achetant des actions. Alors que nous demandons depuis plusieurs années de véritables augmentations, c’est finalement nous qui passerons à la caisse. Quel habile tour de passe-passe !

Et pourtant donner c’est notre dada : heures supplémentaires qui ne sont jamais décomptées, astreintes bénévoles, MEP de nuit qu’il est plus simple de traiter comme des interventions classiques, SAXO évoquant plus une voiture que l’un des outils RH fondamental pour les salariés.

Donner de soi, donner de son temps et maintenant donner de son argent. Avant de donner encore plus, ne serait-il pas préférable que la Direction apprenne tout d’abord à recevoir et surtout à rendre ? Gratitude et reconnaissance comme les fondements d’un pacte, d’un contrat qui nous lie et vous engage, vous les donataires, la Direction. On ne peut pas sans cesse recevoir sans devoir donner à son tour. Votre souci de compter chaque sou risque de transformer notre coopération « humaine » en une succession d’échanges « froids, désincarnés, étroitement intéressés et égoïstes ». La vie à défendre en quelque sorte …

D’autre part, nous craignons que nos premiers pas dans l’univers d’Euronext, des actions et des cotations se retournent finalement contre nous. Histoire d’un coup de pouce qui se change en coup de trique !

Retour sur un exemple pour étayer nos inquiétudes : Pourquoi à votre avis le premier semestre 2014 fut tout particulièrement difficile pour nous tous ? Pourquoi des mesures drastiques ont été prises pendant cette période (gel de l’ensemble des formations, des déplacements, contrôle accru des achats, report du renouvellement du matériel, etc.) ? La réponse tient en 3 lettres : IPO.

Notre projet d’introduction en bourse, les attentes du marché, des résultats en deçà de nos objectifs obligèrent notre Direction à prendre rapidement des mesures radicales. Car le marché est intraitable, il sanctionne toute faiblesse, toute déception, tout écart entre annonces et résultats. Il nous impose son rythme de communication financière et de contrôle qui vient se heurter au nôtre, plus lent mais plus humain. !!!Encore une fois, la vie à défendre … Pour satisfaire les marchés, la solution la plus simple pour la Direction consistera toujours à rogner nos droits et notre qualité de vie au travail. Acheter des actions, être propriétaire de son entreprise est louable, mais les conditions actuelles nous semblent insuffisantes pour garantir nos avantages et nos conditions de travail.

Nous continuons à croire que la constitution d’un collectif soudé pouvant appuyer des revendications fortes est la meilleure manière d’augmenter notre pouvoir d’achat : Une enveloppe généreuse d’augmentations générales et individuelles, de bons accords (statuts sociaux, intéressement, etc.) et de nouveaux droits.

Pour ce faire, nous vous invitons à vous rapprocher des membres de notre équipe.

Jean-François Rodriguez, Florent Jonery, Christian Palcowski et toute l’équipe CFTC