Comment l’employabilité a-t-elle tué le temps libre ?

In Actualités sociales, Idées

Nous vous proposons une présentation d’une analyse d’Aurialie Jublin publié en ligne sur le InternetActu.

A partir de la question suivante : « A quel moment une journée de travail se termine-t-elle vraiment ? », l’auteure nous propose une analyse de la montée en puissante de l’employabilité et de ses conséquences  sur nos vies.

A la suite des travaux et des réflexions de Théodor Adorno, de Bertrand Russell et de David Frayne, l’auteure s’interroge sur les risques de la mort du temps libre dans notre vie quotidienne. « Le déversement » de la journée de travail dans tous les pores de notre vie privée (Travail en soirée et le weekend, réponse à des courriels pendant ses vacances, etc.) est un processus s’inscrivant dans un temps long (Adorno s’en inquiétait déjà dans les années 70) et qui s’intensifie aujourd’hui avec la montée en puissante des nouvelles technologies. L’auteure s’inquiète que l’employabilité aggrave cette tendance et redouble la nécessité d’une prise de conscience et d’une réponse collective.

En effet, la pression à l’employabilité nous prive d’une connaissance inutile et pourrait avoir des conséquences négatives sur nos vies. S’appuyant sur les travaux du psychanalyste Erich Fromm, elle développe son analyse en distinguant les apprentissages en mode « avoir » et en mode « être ». Les premiers ne permettent pas aux élèves d’habiter leurs apprentissages, d’entretenir avec la connaissance une relation personnel en lien avec leurs propres problèmes et leurs singularités. Les apprentissages en mode « être » permettent au contraire « de stimuler [nos] propre processus de pensée. De nouvelles questions, de nouvelles idées, de nouvelles perspectives se présentent dans [nos] esprit. Leur écoute est un processus vivant ». L’employabilité exerce une pression de plus en plus marquée sur les salariés, et plus généralement sur toute la population, vers un basculement des apprentissages en mode « être » au profit d’apprentissage en mode « avoir ».

L’employabilité exerce alors une « perte d’intériorité » et implique que « les individus aient une approche toujours plus instrumentale du monde et des autres ». L’auteure ouvre son analyse par une question d’André Gorz : « Quand suis-je vraiment moi-même, c’est-à-dire, non pas un outil ou le produit d’influences et de pouvoirs extérieurs, mais l’auteur de mes actes, de mes pensées, de mes sentiments, de mes valeurs ? »

Cette question semble particulièrement pertinente pour les salariés de Worldline, où nous sommes très nombreux à être informaticien, discipline en continuelle évolution qui accentue  encore un peu plus les risques de l’employabilité.

A méditer …

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