Fin de partie

In Nos tracts

Mr Grapinet a récemment présenté les résultats mondiaux de Worldline. Salamalecs de bon ton, quelques formules convenues qui ne touchent ni toi ni moi… et au milieu coule la rivière de diamant : plus d’un milliard de chiffre d’affaire pour une OMDA (marge avant dépréciation et provision) de 215M€. La pépite Worldline n’a pas encore perdu tout son éclat.

Des informations glanées lors du dernier comité d’entreprise viennent ajouter quelques dorures : la France participe à hauteur de 389M€ au résultat du groupe Worldline, pour une OM de 71M€ (marge après dépréciation et provision). La direction projette une croissance nulle pour la France mais néanmoins une augmentation de 4M€ de notre marge.

Worldline crée encore aujourd’hui énormément de richesse et reste très rentable. Ce constat nous amène à nous poser deux questions qui sont systématiquement passées sous silence par la direction :

Comment cette richesse est-elle créée ?

Au-delà de nos efforts « abstraits » que la direction vient si souvent flatter, comment au plus près du terrain, dans notre quotidien réussissons nous à créer cette richesse ? Un élément de réponse pourrait être le suivant : c’est par l’instauration d’un système qui vient déjouer, détourner et bafouer le droit du travail, nos acquis et nos avantages que la direction réussit entre autres à créer autant de richesse.

Combien sommes-nous à faire des semaines de 50h, à travailler jusqu’à 20h sans pouvoir déclarer la moindre heure supplémentaire ? Combien sommes-nous à accepter le jeu gratuit des escalades donnant le droit à la direction de nous contacter à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit sans être en astreinte? Combien sommes-nous à travailler les weekends en oubliant notre droit au repos hebdomadaire et quotidien ? Combien d’interventions de nuit, de mise en production ne sont pas suivies de déclaration SAXO ?

Heures supplémentaires non déclarées, astreintes bénévoles, repos non pris … quel est le coût de ce travail gratuit ? De combien de millions d’euros notre marge devrait-elle être réduite pour tout simplement payer ce qui nous est dû ?

La direction objecte régulièrement que le respect strict du droit mettrait en péril notre entreprise. Difficile à croire sachant qu’au sein même de notre groupe, nos collègues Allemands et Belges ont un suivi automatisé de leur temps de travail et parviennent à obtenir des résultats tout aussi bons que les nôtres. Une astreinte d’une semaine complète chez notre concurrent Capgemini donne droit à une prime de 338€. Et pourtant là encore, leurs résultats n’ont rien à envier à ceux de Worldline.

Que faisons-nous de cette richesse ? Comment est-elle redistribuée et partagée ? Où va-t-elle ?

A cette deuxième question notre réponse serait la suivante: depuis plusieurs années et tout particulièrement depuis l’introduction en bourse nous sommes les témoins dans notre entreprise du basculement d’un capitalisme industriel vers un capitalisme financier. Aujourd’hui la métamorphose est complète, elle s’applique pleinement et nous commençons tous à en subir les conséquences.

D’une logique industrielle convaincue que l’augmentation de sa profitabilité passe par une « progression » des salariés, nous glissons vers une logique financière qui s’obstine à voir dans ces derniers une ligne de coût à réduire, tel est notre triste sort ! Adieu la logique prenant en compte les spécificités du travail d’informaticien, les ressorts et les conditions nécessaires pour que nous puissions apprendre, progresser, innover et réaliser un travail de qualité, la logique financière nous gave de plats réchauffés.

Si demain il était plus profitable d’être à la tête d’une entreprise de papier WC, notre direction quitterait sans ambages Worldline, avec ses cliques et ses claques, ses Top2 et Top3, son Team et son Lean, pour les resservir à la même sauce à leurs prochaines victimes.

Ce changement a des répercussions directes sur la redistribution des richesses que nous créons. L’industriel en réinjectera toujours une partie dans ses troupes et dans leurs conditions de travail. Que ce soit une augmentation, un temps de veille techno, la possibilité d’expérimenter ou d’améliorer un outil simplement pour faciliter notre travail, une formation ou un nouveau PC plus performant, son souhait est aussi de nous faire progresser.

Au contraire le financier tente toujours d’extraire le maximum de richesse de ses salariés pour un investissement minimal. Il vient rogner tout ce qu’il peut. Augmentations, formations et investissements. Il analyse notre temps pour le mettre sous tension. Il n’a jamais eu pour souhait de nous faire progresser.

Ces deux problématiques et l’analyse que nous vous en donnons, nous obligent nous aussi à basculer dans une autre logique. Nous avions une relation conciliante, nous devons aujourd’hui être plus offensifs. Il est intolérable dans ces conditions que le droit du travail ne soit pas respecté. La négociation annuelle obligatoire (NAO) est actuellement en cours, on s’oriente à nouveau vers des augmentations très limitées. Nous exigeons qu’un réel travail soit mené afin que l’application arbitraire du droit cesse dans notre entreprise. Pour s’en assurer et pouvoir s’opposer, nous avons besoin d’un collectif nombreux, soudé et d’une remontée de vos soucis. Nous vous invitons à vous rapprocher des membres de notre équipe.

Jean-François Rodriguez, Florent Jonery, Christian Palcowski et toute l’équipe CFTC

You may also read!

Test article

Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua.

Read More...

Je suis un “low performer” – appel à témoins

De nombreux témoignages internes ainsi que l’émergence du plan ‘Power24’ ont conduit la CFTC à traiter ce sujet. Certains

Read More...

CSE février 2024 : courrier de l’inspection du travail, X-shore, réorgs…

Comme d'habitude, nous vous informons sur l'actualité évoquée entre vos élus et la direction. Voici le CR du CSE

Read More...

6 commentsOn Fin de partie

  • Dans ce cas, pourquoi ne pas faire comme tous le monde et se révolter “ENSEMBLE” faire une grève ! Nous laissons faire donc, nous sommes forcément victimes, mais pas non plus moteur de changement !!!!

    J’aime beaucoup l’aspect dénonçons les travers de la société etc … mais à écouter les personnes travaillants dans cette société, “DIXIT” presque tous le monde : “c’est une boite de M****, malgrès le CE les PRIMEs etc … qu’avons nous vraiment mis à part des fausses promesses d’augmentation ou d’augmentation vraiment RIDICULE? pourquoi on me juge à mes diplômes et pas à mon experience ? pourquoi les augmentations sont si ridicule ? dois-je m’estimer heureux d’avoir un CDI ? “oui je crois que OUI” car on me fait penser que c’est le cas !!!! ” et je pèse les dires de toutes les personnes qui ont pu donner un avis sur leurs situation dans la société, mais PERSONNE ne bouge PERSONNE !!!!!! … Si nous prenions exemple sur les routiers qui eux par contre Blague pas et font vraiment la grève !!!!! mais pour de vrai! pas juste 2h et hop on retourne au bureau parceque ça caille dehors !!Il me semble qu’un de nos gros partenaires fait aussi des bonnes grosses grêves avec en plus de ça du résultat (la SNCF pour ne pas les citer) … Pour avoir vécu un peu en Angleterre, je peux vous garantir que des grêves j’en ai vu 2/3 et c’est pas 3 personnes dehors mais 3000 qui se batten pour leurs convictions,leurs DROITS et contre l’injustice !!!!. Mais bon la nature humaine, malgrès certaines personnes qui essaient de defendre du mieux qu’ils peuvent nos droits et injustices, reste égoïste (le chacun pour soit c’est la meilleure des défense mais c’est une très forte forme de laxisme sur son confort professional et personnel !!!) un peu la même mentalité que cette société.

    bref parler c’est beau ! mais agir c’est encore mieux.
    Je pense que sur tous les sites s’il y avait un movement de grève general la bourse les actionnaires + le mécontentement des clients ferait réfléchir nos grands pontent.

    • Je suis assez d’accord. J’étais plutôt concilliant avant, mais je suis maintenant persuadé que des actions concrètes doivent être menées. Je pense que le sentiment est partagé par énormément de personnes chez WL. Des actions de protestation lancées maintenant seraient à mon avis bien plus suivies qu’il y a ne serait-ce qu’un an.

      • Tout à fait d’accord avec toi Jean John il suffit de couper les vannes une après-midi (niveau flux monétiques) pour qu’en moins de 5 min chrono ça bouge !
        Faut arrêter ça brasse des milliards et il faut pleurer pour avoir quelque chose on va ou là ?!!

        @Flo Jo : faut pas se contenter de 15€ Bruts (c’est du flan tout ça) les efforts fournis valent plus que 15€ Bruts. C’est un peu grâce à nous si elle avance la boite faut pas l’oublier !

        Couper le service info = plus de machine exploitable
        Couper les transferts bancaires = Clients mécontents plus perte fulgurante et exponentielle d’argent.
        Mobilisation générale de tous les sites WL = Force et persuasion !

        Faut bouger !!!! arrêter de parler. Nous vivons dans un monde de loups chacun pour sa pomme !! la preuve …

        FAUT PASSER A L’ACTION

  • Le problème, c’est que nos dirigeants sont des financiers, à part l’argent, pas grand chose ne les intéresse.

    Faire un mouvement type débrayage ne leur fera ni chaud ni froid, à part peut être le fait de nous payer à rien faire…

    Les salariés de la SNCF, pour reprendre l’exemple prennent en otage ses clients, car cela coûte de l’argent à la société.

    Si demain nous menons des actions qui coûte de l’argent à nos dirigeants, là, je pense qu’ils seront beaucoup plus à l’écoute. Le reste, ils s’en moquent !

    Couper une appli quelques minutes, voir même quelques secondes, et c’est des dizaines de milliers d’euros qui partent ailleurs que dans leurs poches.

  • Bonjour à tous,

    Merci pour vos commentaires.
    Pour la suite à donner, il est toujours délicat d’estimer nos forces et notre capacité à construire ensemble une action collective gagnante.

    Mais vous avez raison, c’est évidement aussi à nous, syndicaliste, de provoquer la situation qui permettra à une action collective de naitre et de faire qu’elle soit un succès.

    Nous manquerons pas de revenir vers vous prochainement. Les NAO sont toujours en cours. La direction menace de geler les augmentations. Cette situation pourrait être le déclencheur d’une action collective.

    Amicalement

    • Si tous le monde pense la même chose pourquoi ne pas se mobiliser ??

      Il le faut c’est à nous de ne pas suivre comme des moutons.

      Nous sommes moteurs et acteurs du changement dans cette société nous la faisons bouger.

      Maintenant montrons que nous sommes fatigués de fournir des efforts pour rien.

      Merci pour ton retour en tout cas 🙂

      Amicalement

Leave a reply:

Your email address will not be published.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Mobile Sliding Menu