Relations humaines & camaraderie

Fil d’ariane

  1. La construction d’un référentiel
  2. Les réalités de l’emploi des ingénieurs informaticien
  3. Les motivations préservées
    1. Innovation & Apprentissage
    2. Qualité, fierté et plaisir
    3. Relations humaines & camaraderie

Ce dernier chapitre nous permettra de distinguer les relations humaines comme l’une des motivations clés des ingénieurs informaticiens interrogés.

 

Le collectif

Vincent : Moi c’est cela ma motivation pour aller au travail. C’est vrai, c’est les gens. […] Les collègues, tous les gens que j’ai croisés chez Atos, j’ai eu la chance de croiser des gens, vraiment, humainement, professionnellement, les conditions de travail mine de rien, l’Association Sportive, cela fait partie, le comité d’entreprise, l’équipe de foot, c’était super ! La série de défaites… c’était super. Vraiment. Non c’était super. J’étais très content. […] la motivation … c’est vraiment, pour moi c’était avant tout les collègues, parce que moi à chaque fois j’ai été dans des bureaux où franchement cela déconnait, on rigolait, les gens étaient vifs, drôles, et en même temps derrière il y avait, le boulot était fait et bien fait.

Cet extrait de l’entretien de Vincent présente un nouvel élément clé de sa motivation : une bonne ambiance. Vincent place les « gens » au cœur de son travail car c’est grâce à eux qu’il peut dans une même journée « franchement rigoler » et « travailler » correctement.  Il vient juxtaposer deux notions qui semblent s’opposer ; la rigueur du travail bien fait et la possibilité de « déconner » ; pour finalement les faire apparaitre comme indissociables. Elles se renforcent mutuellement. Là aussi un équilibre entre l’effort et la détente, entre l’application nécessaire à la programmation et le fou-rire d’une équipe qui partage une blague. L’excès de l’un nuirait à l’autre évidement mais entraverait aussi sa propre possibilité de se réaliser : Il serait beaucoup plus dure de rire si « derrière » le travail n’était pas fait correctement, et inversement si l’on travaillait « sans les gens » et sans leurs rires il n’est pas sûr que l’on parvienne à travailler avec la même qualité.

L’entreprise n’offre pas uniquement le moyen à des femmes et des hommes de se retrouver pour travailler sur un même lieu. Elle est multiple par la diversité des moments de vie qu’elle offre aux ingénieurs ou bien qu’ils savent saisir en son sein. On rigole, on pratique une activité sportive, on se retrouve lors d’une activité du CE, on se rapproche de certains, on en vient à avoir des amis[1].  Son équipe est comme une petite famille dans laquelle on se sent bien[2]. Il faut comprendre l’équipe dans son appréciation large. Elle ne se restreint pas nécessairement aux collègues étant sous la responsabilité du même manager. Elle peut au contraire s’élargir aux ingénieurs que l’on choisit d’y inclure et que l’on sollicitera pour un conseil par exemple.

A travers ce souci de l’équipe c’est bien tout un goût préservé pour le collectif[3] qui transparait dans ces entretiens. Le collectif n’est pas juste bon à la rigolade il rend aussi possible l’expression de solidarité enfouie sous l’individualisation d’une organisation[4]. Il permet aux salariés de s’entraider, de se « renvoyer l’ascenseur » comme nous le dira Vincent un peu plus loin[5].  Bertrand ajoute un nouvel aspect important du collectif :

Bertrand : Actuellement ce que j’aime bien c’est l’aspect support : c’est-à-dire aider les gens. Tu peux être utile pour des gens, et les gens ont besoin de toi. le simple faite de pouvoir, j’avais plein de petits jeunes en dessous de moi, le simple faite de pouvoir les aider et de leur apprendre plein de trucs, j’étais content j’avais l’impression d’être utile. Des choses à transmettre.

Bertrand vient en aide à ses collègues en leurs transmettant des connaissances. Cela apparait comme le revers d’une même pièce : d’un côté les ingénieurs développent un goût prononcé pour des formes d’apprentissage permanent, de l’autre ils aiment transmettre ce qu’ils ont appris. On acquière beaucoup au contact de ses collègues mais on leurs donne aussi énormément. D’un don de connaissance suit un contre don. On prend une astuce comme on donne un conseil fruit d’un long apprentissage sur une technologie. Toute la rationalité présumée des acteurs dans l’entreprise semble se heurter à la réalité des ingénieurs informaticiens. La logique du don semble incompatible avec le soin d’optimiser son positionnement dans l’entreprise. On donne sans jamais savoir ce que l’on en retirera. Bertrand semble nous dire que l’on pourrait même n’en retirer rien du tout. Le don est suffisant en lui-même, il assure la persistance du collectif et à travers lui la pérennité de sa propre utilité.  

Les liens que l’on tisse dans l’entreprise sont un élément important de la motivation des ingénieurs informaticiens. Leurs entretiens nous permettent de comprendre comment ils essayent de les préserver par des alliés comme l’expliquait Vincent précédemment où bien en s’orientant vers les bonnes personnes dans l’organisation.

Bertrand : cela fait plusieurs années que je choisis mes postes plus en fonction du chef que du boulot lui-même. Avant c’était Alexis que tu connais, j’ai suivi Alexis à un moment quand il a changé de projet et de poste. Je l’ai suivi pour son équipe. Parce que c’est un mec que je respecte profondément et qui est bon. La chef actuel est un peu pareil.

 Cet extrait tiré de l’entretien de Bertrand souligne à quel point les liens interpersonnels peuvent être importants jusqu’à devenir dans le cas de Bertrand plus importants que la réalité du métier elle-même. On préférera suivre une personne à laquelle on tient tant bien même cela signifierait l’acceptation d’un travail moins intéressant. On suivra une personne, un manager dans cet exemple, parce qu’elle est bonne et qu’on la respecte. Elle rend possible un agencement particulier au sein de l’entreprise et plus particulièrement au sein de l’équipe. Elle permet de retrouver un intérêt humain et relationnel dans un métier. La situation de Bertrand est peut être paroxysmique mais elle souligne bien l’intérêt que l’ingénieur porte à la qualité du collectif que l’on retrouve dans de nombreux entretiens.

[1] Zoé : « j’ai l’avantage de connaître des gens depuis 10 années aussi, c’est aussi un super avantage, d’avoir côtoyé des gens depuis 10 années, et d’avoir suivi ces gens, c’est des gens qui sont devenus des amis, tu imagines l’avantages que cela est, dans une société. C’est que moi elle m’a apporté des amis, ce n’est pas n’importe quoi, ce n’est pas n’importe quoi des amis. C’est déjà énorme. Elle apporte des amis »

[2] Maxime : je ne pourrais pas travailler tout seul, pour moi le travail c’est des gens, des collègues, cela va être avec… nous nous sommes dans un contexte nous sommes dans des équipes, des équipes quand même qui ne sont pas de 20,30 personnes, nous somment dans des petites équipes, je trouve que tu arrives à faire une ambiance dans tes équipes, et cela aussi ça fait partie de l’épanouissement. De bien s’entendre, de l’ambiance, de rigoler au travail, enfin je pense d’avoir un peu de fun. Je pense que cela est important pour moi en tout cas.

[3] Vincent : Ce que j’ai adoré chez Atos, c’est les relations à distance avec les équipes techniques à Seclin, avec la TO, avec les équipes bases de données, les équipes réseaux, des gens que je ne voyais jamais, que j’ai eu souvent au téléphone, et je dois dire c’est des gens à force on ne s’est jamais vu mais on se connaissait bien, il y avait vraiment, il y avait du renvoi d’ascenseur, à  Seclin les mecs ils sont tous super attachant, à chaque fois que tu avais une merde, il te le filait un coup de main, derrière ils savaient que si il y avait besoin il pouvait, tu pouvais les aider en retour.

[4] Référence

[5] Vincent : Ce que j’ai adoré chez Atos, c’est les relations à distance avec les équipes techniques à Seclin, avec la TO, avec les équipes bases de données, les équipes réseaux, des gens que je ne voyais jamais, que j’ai eu souvent au téléphone, et je dois dire c’est des gens à force on ne s’est jamais vu mais on se connaissait bien, il y avait vraiment, il y avait du renvoi d’ascenseur, à  Seclin les mecs ils sont tous super attachant, à chaque fois que tu avais une merde, il te le filait un coup de main, derrière ils savaient que si il y avait besoin il pouvait, tu pouvais les aider en retour.

La construction d’un référentiel

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Les réalités de l’emploi

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Les motivations préservées

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